Faire un résumé
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Faire un résumé

 

Le résumé du texte permet de juger l’aptitude à comprendre une lecture et à en retenir les idées maîtresses. C’est un exercice de réécriture qui demande également beuacoup de rigueur et de précision. Il doit être concis et bref, par définition.

On ne peut bien mener ce travail si l’on se contente de faire une réduction "mécanique" et sans intelligence. Il faut savoir à la fois "analyser", "faire une synthèse". Le résumé révèle la composition d’un texte, l’articulation du raisonnement, de l’argumentation. Il conserve la force de la pensée de l’auteur et son originalité.

On peut dégager sept contraintes principales:

1. Suivre le fil du texte (ce qui distingue le résumé de l’analyse d’un texte).

2. Donner une version condensée, mais fidèle.

3. Ne pas prendre de "distance avec le texte": nous n’avons pas à émettre une opinion personnelle, à faire des commentaires ni à dire, par exemple: "L’auteur déclare que… pense que… veut nous démontrer…". Il faut commencer directement et sans préambule.

4. Ne pas introduire de citations extérieures au texte: le texte de base est la seule référence permise.

5. Il est possible de reprendre les mots de liaison du texte, ceux qui montrent l’articulation du raisonnement: "Si… et … si… ou en core… donc…. En conséquence… par contre, etc."

6. Les mots-clés exprimant des idées capitales peuvent aussi être repris (mais il faut éviter de citer, même entre guillements, une trop longue formule de l’auteur). Il est parfois préférable de réemployer les termes importans du texte, plutôt que de les remplacer par des synonymes qui ne sont jamais parfaitement "équivalents".

7. Limiter le résumé au quart environ du texte de base, calculé en nombre de mots.

Il existe de multiples façons de résumer un texte: établir un questionnaire, faire un compte rendu de lecture, un rapport, une note de synthèse. La forme la plus élaborée du résumé est représentée par l’exercice de la contraction de texte qui demande une réduction en un nombre limité de mots.

Le plus souvent, les textes qui sont proposés pour le résumé relèvent du type argumentatif: il présentent une thèse ou idée directrice (ce que l’auteur veut prouver), des arguments (les éléments abstraits qui servent à justifier la thèse) et des exemples (les éléments concrets qui ont pour fonction d’illustrer les arguments). Exemple: La robotisation est un facteur de progrès pour les sociétés (thèse). En effet, elle contribue, entre autres, à l’amélioration des conditions de vie de l’individu (argument). L’électro-ménager, par exemple, permet de gagner du temps et facilite l’exécution des tâches domestiques (exemple).

Pour énoncer les arguments qu’ils réfutent aussitôt, les deux orateurs ont recours à l’interrogation oratoire, qu’il faut distinguer de l’interrogation vraie qui est une demande d’information. L’interrogation oratoire n’appelle pas de réponse, ou bien celle-ci est connue ou donnée. Dans tous les cas, elle permet un effet de style. Exemple: O vanité! o néant! O mortels ignorants de leurs destinées! L’eût-elle cru il y a dix mois? Et vous, Messieurs, eussiez-vous pensé, pendant qu’elle versait tant de larmes en ce lieu, qu’elle dût si tôt vous y rassembler pour la pleurer elle-même?

Pour énoncer les idées d’un adversaire que l’on sera amené à réfuter, on peut également utiliser le conditionnel, qui, dans certains cas, sert à faire peser le doute.

On peut faire un résumé long (40 lignes), un résumé court (15 lignes) et un résumé en 2 ou 3 lignes qui puisse servir de formule destinée à motiver et à frapper l’imagination.

Avant de rédiger un résumé, il est important d’avoir au préalable repéré l’idée principale et la structure du texte. D’une manière générale, les textes sont organisés en différentes étapes, délimitées ou non par des paragraphes. Chaque étape est le développement d’une idée particulière qui vient appuyer la thèse de l’auteur. L’idée contenue dans chaque étape est exprimée par un ou plusieurs mots clés. Il est donc essentiel d’identifier ces éléments dont l’enchaînement fournira l’armature du résumé.

Les relations entre les idées d’un texte sont exprimées par des mots de liaison ou connecteurs (conjonction, adverbes et locutions adverbiales, prépositives). Ces termes sont de deux types: temporel (puis, enfin, après, alors) et logique. Les principales relations logiques sont: la cause: car, en effet, grâce à, en raison de, parce que, puisque; la conséquence: donc, par conséqent, en conséquence, ainsi, c’est pourquoi, par suite, si bien que, de telle sorte que; l’oposition et la restriction: mais, pourtant, cependant, malgré, néanmoins, toutefois, bien que, quoique, en revanche, par contre; l’addition: et, de plus, en outre, surtout, ensuite.

Tous ces mots donnent au texte sa cohérence.

Les proportions d’une contraction de texte varient selon les buts: on peut demander aux candidats de réduire un texte au quart, au sixième ou au dixième de sa longueur. En général, le nombre de mots que doit compter le rémusé est précisé; une marge de 10% en plus ou en moins est admise. Dans ce cadre, le mot est tout ensemble de lettres qui se suivent, même si la syllabe finale est élidée et même s’il est relié à un autre mot par un trait d’union (chef-d’oeuvre, c’est-à-dire).

L’objectif de la contraction de texte est de reproduire fidèlement, dans une version condenseé, l’essenteil des idées énoncées par l’auteur, en respectant le cheminement de sa pensée. Pour cela, il convient de suivre à la lettre certaines règles.

Pour rester fidèle à la pensée de l’auteur, il faut suivre le développement du texte. C’est pourquoi l’étude préalable de sa structure est une étape indispensable.

Après une lecture globale et minutieuse qui vous permettra de dégager la thèse (idée directrice), vous procéderez à une seconde lecture au cours de laquelle vous repérerez les mots clés et les mots de liaison. A l’issue de cette relecture, vous serez en mesure d’établir un plan détaillé du texte qui fera ressortir les différentes étapes de l’argumentation et la façon dont elles s’articulent.

Si le texte est écrit à la troisième personne, le résumé sera rédigé à la troisième personne, si le texte est écrit à la première personne, le résumé sera rédigé à la première personne.

En outre, vous devez vous interdire de prendre des distances avec le texte. C’est pourquoi vous devez proscrire les formules du type: L’auteur dit que, ce texte nous montre que… De même, un résumé n’étant pas un commentaire, vous n’avez pas à porter de jugement sur le texte. Vous devez simplement vous substituer à l’auteur.

Il faut éviter à tout prix que votre contraction de texte ne ressemble à un montage de citations. Vous devez présenter les idées de l’auteur, avec vos propres mots en veillant à ne pas pasticher maladroitement son style. Attention aux textes polèmiques, qui utilisent une syntaxe spécifique: exclamations, répétitions, figures du discours, points de suspension…

Cependant, ne cherchez pas à substituer aux mots clés des équivalents approximatifs. La recherche systématique des synonymes conduit à l’imprécision.

Votre résumé doit être rédigé avec clarté (correction et logique). Il doit pouvoir être lu indépendamment du texte de base, et permettre une compréhension aisée de la pensée de l’auteur. Il faut donc porter un soin tout particulier à l’enchaînement des idées, en faisant apparaître les relations logiques par des mots de liaison adéquats.

Vous devez à la fin de votre contraction de texte indiquer le nombre de mots que vous avez utilisés.

 

Textes à résumer

Le rituel de la mort

En France, au moins jusqu’aux années trente, la mort était une grande cérémonie quasi publique, que le mort présidait. Il était prévenu. Il savait que la mort était prochaine. Il avait mis ses affaires en ordre, rédigé ses dernières volontés, distribué ses biens, afin d’éviter les querelles d’héritiers. Il "gisait au lit, malade", comme disent les testaments du 17 siècle. La famille, les amis étaient réunis dans la chambre, autour du lit, pour l’adieu. Le prêtre apportait le Corpus Christe et de plus en plus souvent l’extrême-fonction, suivie parfois par de pieux étrangers qui l’avaient rencontré dans la rue.

C’était l’habitude d’entrourer les mourants et – l’expression était banale mais elle est devenue désuète – de les "assister pendant leur agonie". On suivait en effet tous les épisodes d’une agonie, souvent très douloureuse, mais jamais très longue.

Après la fin, un avis placardé à la porte, ou bien la rumeur des voisins invitaient toutes les relations du mort à venir le voir. Ces visites étaient aussi destinées à consoler les survivants. Mais c’était d’abord le mort qu’on honorait une dernière fois, en l’aspergeant d’eau bénite, en le regardant, avant qu’il disparaisse.

Avant la mort, c’est le mourant qui préside et qui commande. Après la mort, c’est le mort qu’on visite et qu’on honore.

Deux grands changements sont ensuite intervenus. D’abord le mourant a été privé de ses droits. Il a été en tutelle comme un enfant mineur ou comme s’il avait perdu la raison. Il n’a plus le droit de savoir qu’il va mourir. Jusqu’au bout son entrourage lui cache la vérité et dispose de lui – pour son plus grand bien. Tout se passe comme si personne ne sait que quelqu’un va mourir, ni la famille la plus proche ni le médecin… ni même le prêtre, quand un subterfuge a permis qu’il vienne sans trop de mal.

Peu à peu l’intérêt ou la pitié – quand ils ont subsisté – se sont déplacés du mourant vers la famille et les survivants. Les modifications récentes du rituel catholique des funérailles, et surtout les commentaires qu’on en fait, soulignent bien ce transfert. Dans l’ancienne liturgie, dit-on, on honorait les morts; dans la nouvelle, on s’adresse plutôt aux survivants pour les édifier ou les consoler. 

Philippe Ariès, Essais sur l’histoire de la mort en Occident, Seuil, 1975

 

Résumé proposé:

Jusqu’en 1930 environ, la mort était socialement acceptée et organisée. Le mourant avait réglé sa succession. Il recevait la visite des siens, et les derniers sacrements religieux. Durant toute son agonie, il était entouré. Après la mort, chacun venait honorer sa dépouille.

Mais depuis lors, de profonds changements sont apparus. Tout d’abord, le mourant ne dirige plus sa propre fin; il est réduit au rôle d’assisté. Sa famille lui dissimule la vérité et refuse d’admettre la situation. D’autre part, après la mort ce n’est plus le défunt que l’on honore mais l’entrourage que l’on réconforte.

(nombre de mots du texte: 402, nombre de mots du résumé: 104