Faire un commentaire composé
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Faire un commentaire composé

 

Commenter un texte littéraire, c’est mettre en valeur ses centres d’intérêt, c’est-à-dire montrer ce qui fit son originalité, sa beauté. C’est expliquer de façon méthodique le plaisir qu’on a ressenti en le lisant.

Les textes proposés sont des textes courts, ce qui rend possible une étude approfondie du passage. Cette étude passe par des objectifs de recherche précis. Plusieurs niveaux d’analyse permettent de dégager les centres d’intérêt d’un texte: le niveau lexical (la valeur connotative des mots, leur organisation dans le texte, la dominante tonale qu’ils concourent à créer, les associations, les oppositions, les figures du discours), le niveau syntaxique (les effets de sens de la construction des phrases), le niveau phonique ou la musicalité (la mélodie et le rythme des phrases, la valeur suggestive des sons).

Eléments positifs: étude prenant solidement appui sur le texte, culture et finesse, bonne maîtrise de la langue et aptitude à apprécier le rôle des éléments linguistiques dans un texte, connaissance des outils principaux de l’analyse littéraire, démarche cohérente ménageant une progression dans le commentaire.

Tout travail portant sur un texte, qu’il s’agisse d’un résumé ou d’un commentaire écrit ou oral, requiert un examen minutieux de la composition de l’extrait. Cet examen permet de faire apparaître la progression des idées et des thèmes. A cet égard, il faut être particulièrement attentif aux indications fournies par la disposition en paragraphes (ou en strophes et par l’emploi des connecteurs logiques et temporels.

 

Travail préparatoire

Les principales étapes du travail préparatoire sont les suivantes:

I. Première lecture permettant de prendre connaissance du texte. Les éventuelles difficultés de vocabulaire doivent être élucidées lors de cette étape.

II. Relecture méthodique au cours de laquelle on procède au travail de repérage en fonction d’objectifs de recherche précis.

III. Elaboration du plan détaillé.

A Etude d’ensemble

Elle prend en compte des éléments qui permettent de caractériser de façon générale le texte:

• Le genre littéraire,

• Le thème ( sujet, idée principale),

• La ou les dominantes tonales,

• La composition (les différentes parties, la progression).

B Etude détaillée

Elle nécessite des relectures partielles. L’analyse se fait de façon linéaire, c’est-à-dire en suivant le déroulement du texte. Cette étape consiste à relever les constantes du texte (les éléments qui reviennent fréquemment) de façon à en faire apparaître les principaux centres d’intérêt. Elle prend en compte les différents niveaux d’analyse: lexical, syntaxique et musicalité.

 

La dénotation et la connotation

On appelle dénotation l’information explicitement formulée par un mot, un texte. La connotation désigne les différents effets de sens produits par ces éléments en fonction du contexte. Par exemple, l’adjectif rouge permet de décrire une couleur (valeur dénotative), mais il peut aussi suggérer, c’est-à-dire énoncer de façon implicite, l’idée de sang et de meurtre (valeur connotative).

 

La dominante tonale d’un texte

Pour bien comprendre un texte, il faut être en mesure d’identifier sa dominante tonale. Le ton est créé par un ensemble de procédés destinés à provoquer chez le lecteur un certain état émotionnel (l’amusement, la tristesse, la peur…). Parmi les principales dominantes tonales, il faut relever: le ton comique (l’humour, la parodie, l’ironie), le ton pathétique (description des souffrances humaines), le ton tragique (l’émotion est plus contenue que dans le pathétique), le ton lyrique, le ton épique, le ton fantastique.

 

Les figures du discours

On appelle figure un tour particulier que l’on donne à l’expression de sa pensée pour convaincre, séduire, impressionner. Les figures font partie des techniques qui permettent de rendre le discours efficace. Leur emploi présente une opération naturelle chez une personne cherchant à communiquer sa pensée de façon expressive: je meurs de faim comporte une figure appelée hyperbole qui consiste à amplifier une idée pour la mettre en valeur. Elles expriment l’analogie (comparaison, métaphore, allégorie, personnification), la substitution (métonymie, synecdoque, périphrase, antiphrase ou ironie, litote, euphémisme), l’opposition (antithèse, oxymore, chiasme), l’omission (ellipse), l’amplification et l’insistance (hyperbole, gradation, anaphore).

 

Elaboration du plan

Ce sont les centres d’intérêt du texte dégagés au cours de l’étude détaillée qui constituent les grandes parties du plan. Celles – ci peuvent être au nombre de deux, trois ou quatre. Leur agencement doit ménager une progression: du plus simple au plus complexe, du plus banal au plus original, du plus apparent au plus dissimulé.

A. Le développement – Les grandes parties du plan sont constituées par les centres d’intérêt dégagés au cours de l’étude détaillé.

B. L’introduction – Elle est constituée de deux parties:

• La présentation du texte fait apparaître le titre du texte et le nom de l’auteur, la situation du passage dans son contexte

• L’annonce du plan présente succinctement les centres d’intérêt dans l’ordre où ils seront étudiés.

B. La conclusion – Elle souligne l’intérêt du texte en rappelant brièvement les éléments essenteils du commentaire, énonce éventuellement une opinion personnelle, et ouvre la perspective en procédant à une comparaison ou en montrant l’importance littéraire du passage.

 

Plan du commentaire composé proposé

pour le texte de Nathalie Sarraute: Souvenir

Pourquoi faire revivre cela, sans mots qui pussent parvenir à capter à retenir ne serait-ce qu’encore quelques instants ce qui m’est arrivé… comme viennent aux petites bergères les visions célestes… mais ici aucune sainte apparition, pas de pieuse enfant…

J’étais assise, encore au Luxembourg, sur un banc du jardin anglais, entre mon père et la jeune femme qui m’avait fait danser dans la grande chambre claire de la rue Boissonade. Il y avait, posé sur le banc entre nous ou sur les genoux de l’un d‘eux, un gros livre relié… il me semble que c’étaient les Contes d’Andersen.

Je venais d’en écouter un passage…; je regardais les espaliers en fleurs le long du petit mur de briques roses, les arbres fleuris, la pelouse d’un vert éteincelant jonchée de pâquerettes, de pétales blancs et roses, le ciel, bien sûr, était bleu, et l’air semblait vibrer légèrement… et à ce moment-là, c’est venu… quelque chose d’unique…. Qui ne reviendra plus jamais de cette façon, une sensation d’une telle violence qu’encore maintenant, après tant de temps écoulé, quand, amoindrie, en partie effacée elle me revient, j’éprouve… mais quoi? quel mot peut s’en saisir? pas le mot à tout dire: "bonheur", qui se présente le premier, non, pas lui… "félicité", "exaltation", sont trop laids, qu’ils n’y touchent pas… et "extase"… comme devant ce mot ce qui est là se rétracte…"Joie", oui, peut-être… ce petit mot modeste, tout simple, peut effleurer sans grand danger… mais il n’est pas capable de recueillir ce qui m’emplit, me déborde, s’épénd, va se perdre, se fondre dans les briques roses, les espaliers en fleurs, la pelouse, les pétales roses et blancs, l’air qui vibre parcouru de tremblements à peine perceptibles, d’ondes… des ondes de vie, de vie tout court, quel autre mot?… de vie à l’état pur, aucune menace sur elle, aucun mélange, elle atteint tout à coup l’intensité la plus grande qu’elle puisse jamais, atteindre… jamais plus cette sorte d’intensité-là, pour rien, parce que c’est là, parce que je suis dans cela, dans le petit mur rose, les fleurs des espaliers, des arbres, la pelouse, l’air qui vibre… je suis en eux sans rien de plus, rien qui ne soit à eux, rien à moi.

Plan

1. "une sensation d’une telle violence" (des sentiments éprouvés par l’enfant)

2. Une évocation impressionniste (la scène du Luxembourg)

3. La qûete nostalgique du passé (valeur autobiographique du passage)

Les centres d’intérêt du texte doivent être étudiés avec une grande précision. Pour cela il faut attacher un soin tout particulier au classement des remarques à l’intérieur des parties. Il faut éviter: de présenter des remarques pêle-mêle; de séparer l’étude des idées de celle de la forme; de bâtir le plan en suivant l’ordre du texte.

 

"Chant français" par Louis Aragon.

Je reviendrai dans ma ville majeure

Il y fera le temps de tous les jours

Le ciel aura sa commune douceur

Mais les passants des visages de sourds

Si quelque part plus un orgue n’y pleure

Et si le plomb des pigeons se fait lourd

Quel secret noir y nourrit les rumeurs

Que les longs soirs ne parlent plus d’amour

Ah! quel silence! On endtendrait son coeur

Comme un chanteur mendiant dans les cours

Qui donc a mis pour d’étranges chauffeurs

D’étranges mots à tous les carrefours

Des coups de feu fleurissent les hauteurs

Et le mensonge habite dans ma Tour

Les faux amuseurs de la mauvaise heure

Y feignent jongler dans la fosse aux ours

Or ces bateleurs ont des mains de beurre

D’où tombe la balle au premier tambour

Je vois les larrons mais où le Sauveur

Mon peuple à jamais grand de sa bravoure

Mon peuple est là dans ma ville majeure

Qui s’est levé sans attendre le jour

 

Plan proposé pour le poème de L. Aragon "Chant français":

1. Les bouleversements provoqués par l’occupation allemande

1.1. L’aspect de la ville

1.2. Le silence, qui cache une rumeur sourde

1.3. Le règne du mensonge et de la trahison

2. La souffrance du poète

2.1. L’émotion provoquée par le trouble de l’occupation

2.2. L’amour blessé

3. Un hommage à la Résistance et l’expression d’un art poétique

3.1. Le poète se place à l’écart des événements

3.2. Le poème dénonce les infamies de l’occupation

3.3. L’espoir de la délivrance: la poésie doit être un chant de risistance.