Module V LE MOYEN FRANÇAIS (XIVe – XVe ss.)
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Module V

 

le moyen français (XIVe – XVe ss.)

 

Les objectifs d’étude

Etudier l’histoire externe de l’évolution du français aux XIVe – XVe ss.

Apprendre l’évolution linguistique du moyen français.

 

L’apprenant doit savoir:

Les limites temporelles de l’époque étudiée

Les principaux termes employés dans le Module

Les principaux événements historiques de l’époque étudiée (l’histoire externe)

Les principaux genres et oeuvres littéraires des XIVe – XVe ss.

Les principaux changements phonétiques, grammaticaux survenus en moyen français (l’histoire interne)

Les changements dans le vocabulaire du moyen français (l’histoire interne)

 

L’apprenant doit savoir faire:

Analyser les principales tendances phonétiques, morphologiques, syntaxiques, lexicales

de l’époque

Etablir les relations structurales entre les changements linguistiques tenant compte que la langue est un système

Etablir les origines (latines, etc.) des changements survenus ou se déroulant à cette époque

Déterminer les causes des processus phonétiques, morphologiques, synthaxiques et lexicales de la période étudiée

Mettre en rapport les faits historiques (externes) et les faits linguistiques (internes)

 

Les travaux dirigés

 

LE MOYEN FRANçAIS: L’HISTOIRE EXTERNE (XIVe – XVe ss.)

 

L’objectif d’étude

Etudier les conditions historiques dans lesquelles évoluait le moyen français

 

Donnez la définition des termes suivants:

L’Antiquité, latiniser (une langue); genres littéraires: genre didactique, une chronique, un rondeau, une ballade, un lai, un virelai, un dit, une farce, une sottie, une moralité, un théâtre religieux, un théâtre profane

 

L’apprenant doit savoir:

Les principaux événements historiques de l’époque (l’histoire externe)

Les principaux genres et oeuvres littéraires des XIVe – XVe ss.

Le rôle de l’imprimerie dans l’expansion du français

 

L’apprenant doit savoir faire:

Analyser l’influence des faits d’ordre social, politique, économique sur l’évolution de la langue

Expliquer l’influence de la guerre de Cent Ans sur la formation de la nation française et l’expansion du français, langue de cette nation

Expliquer le déclin des anciens genres littéraires et l’essor des nouveaux genres

 

Plan

I. L’histoire externe: l’aperçu historique (XIVeXVe ss.).

1. Les changements de la structure politique et sociale la veille de la Guerre de Cent Ans.

2. La guerre de Cent Ans (1337 – 1453).

3. L’essor d’après-guerre.

4. L’attirance pour la lettre et la pensée antique.

5. L’extension géographique et sociale du dialecte de l’Ile-de-France.

II. La littérature aux XIVeXVe ss.

1. La prose.

2. La poésie.

3. Le théâtre.

 

I. L’histoire externe: l’aperçu historique (XIVe – XVe ss.).

 

1.Les changements de structure politique et sociale la veille de la guerre de Cent Ans.

Jusqu’au XIIe s. l’organisation de la société féodale reposait sur les liens personnels unissant un suzerain à un vassal. Dès le XIIIe s., l’essor des villes transforme peu à peu l’organisation de la société féodale: les bourgeois obtiennent pour leur villes des privilèges économiques et juridiques qui concurrencent les pouvoirs seigneuriaux. La bourgeoisie et les villes sont désormais redevables d’une contribution régulière à la couronne, ce qui les place sous la dépendance étroite du roi.

Vers le XIVe s., le développement des industries est tel qu’il nécessite l’extension des relations économiques et commerciales. Cependant, le morcellement territorial et l’indépendance des fiefs féodaux et des villes (communes autonomes) créent un obstacle à la fondation d’un marché commun intérieur et aux relations commerciales avec d’autres pays.

Au début du XIVe s. Philippe le Bel (1268–1314) réussit à consolider et à agrandir le royaume en réunissant sous le pouvour royal de nombreuses contrées (la Champagne, la Brie, la Navarre, etc.). Il renforce son pouvoir et se dresse contre la puissance des papes, ayant confisqué plusieurs terres et entrepris certaines mesures anticléricales. La centralisation se poursuit avec succès: sont constitués le Conseil du roi, le Parlement de Paris et des Parlements dans les provinces, les états généraux et les états provinciaux.

Ainsi, la vieille société féodale se trouve-t-elle ébranlée et un nouvel ordre social, moral et intellectuel commence à naître.

 

2. La guerre de Cent Ans (1337 – 1453).

Ce long conflit entre la France et l’Angleterre a pour origine un conflit féodal.

La longue guerre de Cent Ans affaiblit la monarchie française, qui perd plusieurs provinces au profit de l’Angleterre. La guerre ravage le pays tout entier et ruine l’agriculture, occasionnant la famine et la peste, décimant le tiers de la population. La noblesse perd près des trois quarts de ses effectifs, permettant ainsi aux bourgeois, enrichis par la guerre, d’acheter des terres et de s’anoblir.

Aux insuccès du début de la guerre s’ajoute le mécontentement du peuple, des bourgeois de villes et des grands seigneurs. Le milieu du XIV e s. connaît les soulèvements du peuple contre le joug féodal. Dans les provinces au Nord-Ouest de Paris, en 1358, a lieu une révolte paysanne dénommée la «Jacquerie» (du nom de Jacques donné aux paysans). A Paris, le soulèvement des artisans et bourgeois contre de gros impôts et le pouvoir royal est dirigé par Etienne Marcel. Mais les nobles avec l’appui des Anglais réduisent les rebelles à l’obéissance.

En France il se développe un mouvement populaire pour la libération du pays (campagnes de Jeanne d’Arc). Les interventions de Jeanne d’Arc (1412–1431), redonnent l’avantage au roi de France; ce dernier reprend progressivement Paris (1436), la Normandie (1450), la Guyenne (1453). Ainsi, la France récupère-t-elle son territoire, annexé depuis le XIIe s. par l’Angleterre, sauf la région de Calais.

Mais le royaume français paie très cher sa victoire sur les Anglais. La guerre de Cent Ans retard de beaucoup le développement économique de l’état.

La guerre de Cent Ans contre les Anglais fait naître un fort sentiment nationaliste, tant en France qu’en Angleterre.

En Angleterre au XIVe s. le français perd progressivement le statut de langue dominante, en réaction contre la France. Cela se traduit par le remplacement du français dès 1363 au parlement de Londres. Henry IV fut le premier roi de langue maternelle anglaise; Henry V fut le premier roi d’Angleterre à utiliser l’anglais dans les documents officiels. Mais le français continue à être employé oralement à la cour anglaise, car la plupart des reines d’Angleterre viennent de France.

Le français est donc de moins en moins maternel en Angleterre, il doit être soutenu par un enseignement spécifique. Cela fait augmenter le nombre de traités didactiques ou épistolaires visant à professer le français (par ex., vers 1400 apparaît Donait françois de John Barton: grammaire en forme de dialogues, rédigée d’après le modèle latin). De tels ouvrages représentent une source importante des données sur la langue française de l’époque.

 

3. L’essor d’après-guerre.

La guerre contribue à la consolidation du pays. Louis XI (1461 – 1483) réunit presque toutes les provinces de France en un Etat national ayant supprimé les fiefs et le pouvoir illimité des seigneurs. La Provence, la Bourgogne et la Bretagne sont rattachées à la France. Cela fait, l’unification du pays fut accomplie: à la fin du siècle le domaine royal coïncide presque avec la France actuelle.

Les industries et les sciences connaissent un nouvel essor reprenant le cours du développement amorcé à la fin du XIIIe s. et retardé par la guerre de Cent Ans.

Au Xve s., naît un nouvel art de vivre. Le décor de la vie se transforme dans le sens du mieux-être, du confort, voire du luxe. La mode parisienne fait déjà prime; elle est recherchée à l’étranger, notammant par les Anglais. Les cours royales et princières constituent des foyers d’élégance. Le luxe de l’alimentation aussi: abondance de viandes, plats raffinés, vins fins, fruits exotiques, sucreries.

Depuis le milieu du XVe s. la fièvre de construction de l’après-guerre ne s’apaise pas. Les villes s’embellissent: on pave les rues de pierre, on éloigne les abattoirs, on multiplie les fontaines. L’architecture civile prend son essor, mais la part de Dieu reste toutefois la plus grande.

 

4. L’attirance pour les lettres et la pensée antique.

L’intérêt pour les lettres et la pensée antique se manifeste.

Les traductions des auteurs latins et grecs (les traités philosophiques, juridiques et scientifiques de Tite Live, Horace, Aristote, Virgile, Cicéron, et d’autres) sont commandées par le roi et les grands seigneurs. Plusieurs éminents traducteurs (N. Oresme, Pierre Bersuire, Jacques Bouchaut, et d’autres.) contribuent à enrichir le vocabulaire français et à créer la terminologie des sciences et des techniques, aussi bien qu’à développer et à perfectionner le dialect central.

Nicolas Oresme est le plus illustre des traducteurs. Il traduit la Politique d’Aristote (1374), ayant accompagné son œuvre d’une grande réflexion sur la langue française dans le texte joint: Excusacion et commendacion de ceste œuvre. Oresme s’y montre le premier à avoir une vue à long terme sur les progrès de la langue française: conscient de ses défauts, il est convaincu que le travail des traducteurs la rendra plus précise. Le traducteur  développe également le thème de la translatio studii: le savoir étant passé de la Grèce à Rome, il doit passer de Rome à Paris. Ce grand homme de l’époque remet totalement en question la situation du latin, enrichit de beaucoup le vocabulaire de la langue française, visant toujours la perfectibilité du français.

Mais dans cette période du français il existe aussi une forte tendance latinisante, traduite par l’influence des clercs et des scribes instruits et puissants dans l’appareil de l’État ainsi que dans la vie économique de la nation. Ces savants latiniseurs, imprégnés de latin, éblouis par les chefs-d’œuvre de l’Antiquité et désireux de rapprocher la langue parlée, c’est-à-dire le français, de celle représentant tout l’héritage culturel du passé, «translatent» les textes anciens, tout en dédaignant les ressources dont dispose alors le français de l’époque.

Ce faisant, ils éloignent la langue française de celle du peuple: c’est le début de la séparation entre la langue écrite et la langue parlée. C’est ainsi que le français perd peu à peu la prérogative de se développer librement, il devient la chose des lettrés, des poètes et des grammairiens.

La période du moyen français précède ce qu’on appelle la Renaissance. Mais bien avant son apparition «officielle», le décor est mis. Les contacts entre les intellectuels d’Europe qui déboucheront sur l’humanisme sont déjà établis. L’influence de l’Antiquité grecque et latine est considérable. L’influence de l’Eglise sur la création se fait moins pressante. Le français s’impose peu à peu au détriment du latin.

 

L’imprimerie

L’industrie de l’imprimerie, née à Mayence en 1448 avec Gutenberg, s’installe à Paris en 1470.

L’imprimerie favorise la diffusion du français: il paraît plus rentable aux imprimeurs de publier en français qu’en latin vu le nombre plus important de lecteurs en cette langue.

Les imprimeurs s’installent de plus en plus nombreux à Paris, mais aussi dans les grandes villes de province où ils ouvrent «des librairies», c’est-à-dire des endroits où on édite, on imprime et on vend des livres. Les techniques de fabrication se perfectionnent, les tirages augmentent, la diffusion s’améliore. Ainsi, la culture peut-elle davantage se répandre. Mais le nombre d’exemplaires sortis demeurant faible, le livre reste un produit coûteux, objet de luxe réservé à des privilégiés.

 

5. L’extension géographique et sociale du dialecte de l’Ile-de-France.

Paris occupe, aux XIVe – XVe ss., une place prépondérante sur le plan intellectuel. Située au carrefour des routes, la ville est ainsi largement ouverte aux influences extérieures, tandis que son emplacement privilégié assure son essor économique. Les groupes de discussion et d’études fleurissent à Paris. Ce sont ces données à la fois spirituelles et matérielles qui expliquent le développement des arts, des lettres et des sciences surtout au centre du pays.

La tendance à la cenralisation du pays contribue à l’extension du francien. Les Français, s’ils sont instruits, n’écrivent donc plus en français dialectal, c’est-à-dire dans les langues d’oïl, mais en français ou en latin.

Les domaines de l’expansion géographique ainsi que les fonctions accomplies par le français dans la société française de l’époque s’élargissent aux dépens du latin. Dès l’époque de Philippe le Bel, on commence à employer le francien (français) pour les actes officiels, aux parlements et à la  chancellerie royale. Ainsi, dès 1300, se constitue une langue administrative et judiciaire qui fait déjà concurrence au latin.

Le français est largement employé dans les édits, les ordonnances, etc., afin que la documentation officielle soit intelligible partout et à tous dans le royaume de France. Le français est favorisé aussi dans les affaires. Quant aux savants, clercs et autres lettrés, ils continuent à latiniser leur français.

Il est à noter un nombre déplorable des gens instruits à l’époque: pas plus d’un cinquantième de la population pouvait pratiquer ce français écrit, soit 40 000 sur 15 millons de Français.

 

II. La littérature aux XIVe – XVe ss.

A la suite des mutations sociales, vers le XVe s., toute une part de la littérature est devenue celle de la ville et des bourgeois, alors qu’elle était restée celle de l’élite féodale durant la période l’ancien français.

La littérature des XIVe – XVe ss. excelle dans le théâtre et les ouvrages de prose ce qui reflète les besoins de la nouvelle société en formation dans les grandes villes – la bourgeoisie. Le développement des genres poétiques n’atteint pas la grandeur littéraire des siècles précédents, mais la diversité des formes littéraires est considérable.

 

1. La prose.

Au XIVe s., dans des conditions pénibles (troubles, guerres, famines, épidémies) la littérature a vu décliner les genres du roman courtois et del’épopée.

 

Une littérature historique florissante

Jusque-là, la prose n’a pas encore conquis son statut littéraire étant réservée à la langue juridique ou à certains textes de dévotion.

Les premiers prosateurs, en se libérant de contraintes de la versification, se démarquent du même coup du roman et de l’épopée et trouvent, dans la langue française qui peu à peu se perfectionne, des ressources stylistiques propres. Les chroniqueurs du moyen âge Froissart, Commynes, de la Sale ont peu à peu plié la langue française à la prose, qu’ils estiment plus capable d’exprimer la vérite historique que les vers.

La chronique, le reflet des troubles de l’époque, de l’inquétude des hommes et aussi de leurs aspirations, connaît un développement exceptionnel. Avec les Chroniques de Jean Froissart (1337 – 1411), évoquant les événements de l’époque et  rédigées à la fin du XIVe s., et surtout les Mémoires de Philippe de Commynes (1447 – 1511) (seconde moitié du XV s.) on peut commencer à parler véritablement d’historiens.

Dans ses Chroniques J. Froissart donne une image brillante, sans défauts de la société de son temps. La langue des chroniques de J. Froissart, tout en se rangeant du côté du francien, comporte nombre de picardismes. Bien que J. Froissart soit essentiellement connu pour son oeuvre de chroniqueur, il est également l’auteur d’un grand nombre de ballades, rondeaux, lais etc.

Philippe de Commynes, flamand de par son origine est le plus grand historien du XVe s. Ce chroniqueur cherche à pénétrer les causes des événements et porte des jugements politiques instructifs pour les dirigeants de ce monde. Il s’en tient à un récit avec beaucoup de reflexion, de recul, de jugement.

Un des plus grands prosateurs du XVe s. est Antoine de la Sale (1388 – 1462) dont les œuvres sont un spécimen du genre didactique. Certains de ses textes sont précieux pour le linguiste vu le langage parlé utilisé dans ses nouvelles.

 

Le conte: tradition et modernité

Depuis l’ancien français, la littérature française a fait une large place au conte et à la nouvelle. Il s’agit de courts récits, au début en vers, puis en prose, empruntés à la vie quotidienne et inscrits dans un cadre narratif étroit. Au XVe s., deux nouvelles tendances apparaissent: une tendance moralisatrice, lorsque le conte comporte un enseignement, une morale à tirer de l’histoire; une tendance psychologique, avec les analyses de sentiments qui influenceront beaucoup le XVIe s. Mais le plus souvent, le conte et la nouvelle cherchent à faire rire, et les aventures qu’on y raconte sont grivoises, misogynes et anticléricales (les femmes et les moines en sont les principales victimes).

 

2. La poésie.

Le genre poétique change visiblement de contenu et de forme. L’élément moralisant y est souvent présent. L’immense variété des formes connues aux XIIe – XIIIe ss. fait place à de nouvelles  formes: rondeaux, ballades, lais, virelais, dits. Les poètes expérimentent désormais de nouvelles formes d’expression et s’orientent essentiellement vers des recherches stylistiques. La poésie commence à porter un caractère musical.

Guillaume de Machaut (1300 – 1377), Eustache Deschamps (1346 – 1406), Christine de Pisan (1364 – 1429), Charles d’Orléans (1394 – 1465) sont les figures dominantes de la poésie.

La nouvelle école de la poésie lyrique est crée par «le noble rhétorique» Guillaume de Machaut. Il n’a certes pas inventé le genre des ballades, lais, virelais et rondeaux; mais c’est lui qui, le premier, a porté ces genres à leur perfection. Les thèmes qu’il reprend sont ceux de l’amour courtois qu’il interprète sous la forme de multiples allégories. Le poète utilise différentes formes de vers et leur confère une musicalité exceptionnelle (Dit de l’Alerion, etc.). Plusieurs poètes célèbres appartiennent à l’école poétique de Machaut: Eustache Deschamps, Christine de Pisan, originaire de Venise (Italie), Charles d’Orléans, etc.

Son ami et disciple Eustache Deschamps est un poète érudit, à la fois lyrique et satirique. Ce n’est pas un poète courtois, mais un homme réaliste qui dénonce les intrigues politiques de son temps. Il relate des événements de l’époque en patriote (Paris sans pair), sa poésie reflète la vie et les relations sociales de l’époque. Il est surtout connu aujourd’hui pour son Art de dictier. Ce traité en prose, écrit en 1392, est le premier art poétique français.

La production de Ch. de Pisan est étonnamment riche, elle manifeste une personnalité et une sensibilité féminines, très originales au tout début du XVe s.

Plus que chez aucun autre de ses contemporains, on trouve chez Charles d’Orléans une sensibilité moderne devant le temps perdu, la solitude et l’ennui. L’émotion et la sincérité qui percent constamment dans nombre de ses poèmes, tout en demi-teintes et en nuances, rendent encore attanchant au public ce grand nostalgique.

Un des plus grand poètes de l’époque François Villon (1431 – 1462 ?) occupe une place à part dans l’histoire littéraire. F. Villon est le plus connu des poètes du moyen âge, pas nécessairement parce qu’il est le plus habile ni le plus brillant, mais à cause de sa vie hors du commun et des sentiments pathétiques.  Quelle que soit sa vie, il a une grande notoriété: sa première grande composition, le Lais, de 1456, le fait reconnaître parmi les gens de lettres; Charles d’Orléans le reçoit à la cour, le fait participer à un concours poétique. Le Grand Testament est son meilleur poème. Le lexique des poèmes de Villon est exceptionnellement riche et varié, il recourt souvent aux proverbes et aux dictons. La phonétique et la grammaire de ses poèmes se ressentent aussi du langage populaire: er  > ar (la rime terre : Barre), etc.

 

3. Le théâtre.

Au moyen âge le genre dramatique fleurit et connaît plusieurs variétés.

 

Un théâtre d’origine religieuse

Parmi les différents types de spectacles religieux, le mystère est celui qui exerce le plus d’influence au XVe s. Son sujet, directement emprunté à la Bible, est le plus souvent consacré à la mort du Christ, à sa «Passion», à la vie des Saints, de la Vierge, etc. (Mistère de la Passion d’Arnould Gréban, Mistère des apôtres, Mistère du vieux Testament, etc.). L’ampleur du sujet est telle que le spectacle dure parfois plusieurs jours. C’est par milliers que se comptent les vers, et les acteurs sont parfois plus de deux cents. Quant aux éléments de décor, aux machineries, aux costumes, à la musique, ils tiennent une place importante. Le succès de ces mystères est immense.  

 

Un théâtre profane

Dès le XIIIe s., un théâtre profane commence à exister indépendamment du théâtre religieux. Mais il faut attendre le XVe s. pour qu’un véritable théâtre profane apparaisse à côté des mystères et des passions. Au XVe s., il est représenté dans différents types de pièces, des pièces sérieuses comme moralités (où des personnages, souvent allégoriques, illustrent une vérité morale), mais surtout des pièces comiques, comme les sotties (où des personnages habillés en fous – on dit «sots» au moyen âge – se permettent de dire sur l’actualité, la société, l’église, le pouvoir, le monde tout ce qu’ils ont envie de dire), ou comme les farces. La farce jette un regard critique sur les moeurs du temps, elle est écrite pour faire rire franchement un public urbain, elle met en scène des gens de tous les jours, marchands rusés, bourgeois naïfs, maris trompés, femmes légères ou mégères.

La plus justement célèbre des farces est celle de Maître Pierre Pathelin (composée entre 1461 et 1469). Ce texte, dont l’auteur est resté inconnu, est très bien composé et rédigé dans un style très naturel. Il appaît comme la meilleur oeuvre comique avant les pièces de Molière.

Le théâtre du moyen âge est un genre très vivant, très apprécié du public, et qui fournit un nombre d’oeuvres important.

 

Questions ( * - questions demandant des reflexions)

 

I. Quelles sont les limites temporelles du moyen français?

 

1. Comment a changé la structure de la société féodale la veille de la guerre de Cent Ans?

 

2. Pourquoi la guerre de Cent Ans a-t-elle été déclanchée?

Quelles sont les résultats économiques, politiques, linguistiques de cette guerre?

* La place occupée pat le français en Angleterre, s’est-elle réduite après la guerre de Cent Ans? Pourquoi?

 

3. Comment l’aisance économique d’après-guerre se manifeste-t-elle?

 

4. Quel rôle jouent les traductions du latin dans le développement du français?

Qui sont «les latiniseurs»? quelle est leur attitude à l’égard du français de l’époque? Pourquoi une yelle attitude?

Pourquoi et comment l’apparition de l’imprimerie a-t-elle favorisé le développement et la diffusion du français?

 

5. A la base de quel dialecte la France s’unit-elle linguistiquement? Pourquoi ce dialecte?

Par quoi s’explique l’extension (politique, administrative, économique, sociale, intellectuelle, géographique)  de l’usage du dialecte central et son expansion en France?

Les fonctions sociales du français, comment ont-elle évolué aux XIVe – XVe ss.?

Le bilinguisme latin / français, où (dans quelles sphères) s’est-il sonservé? Pourquoi?

 

II. Pourquoi les genres épiques, héroïques déclinent aux XIVe – XVe ss.?

Quels sont les nouveaux genres littéraires qui ont apparu?

 

 

 Devoirs 

1. Définissez: l’Antiquité, latiniser (une langue); genres littéraires: genre didactique, une chronique, un rondeau, une ballade, un lai, un virelai, un dit, une farce, une sottie, une moralité, un théâtre religieux, un théâtre profane 

2. Prouvez que l’avènement des nouveaux genres littéraires a contribué à l’expansion du français au détriment du latin.

 

Cours théorique 8