La préhistoire de la langue française:
le latin vulgaire (IIIe – Ve ss. de notre ère)
Les objectifs d’étude
Etudier l’histoire externe de l’évolution du latin vulgaire
Apprendre les particularités linguistiques du latin vulgaire
L’apprenant doit savoir:
Les limites temporelles de l’époque étudiée
Les termes employés dans le Module
Les principaux événements historiques de l’époque étudiée (l’histoire externe)
Les principaux changements phonétiques, grammaticaux survenus en latin vulgaire (l’histoire interne)
Les changements dans le vocabulaire du latin vulgaire (l’histoire interne)
L’apprenant doit savoir faire:
Analyser les principales tendances phonétiques, morphologiques, syntaxiques, lexicales de l’époque
Etablir les relations structurales entre les changements linguistiques tenant compte que la langue est un système
Etablir les origines (latines, celtiques, germaniques) des changements survenus ou se déroulant à cette époque
Déterminer les causes des évolutions linguistiques se produisant en latin vulgaire
Mettre en rapport les faits historiques (externes) et les faits linguistiques (internes)
Les travaux dirigés
LE LATUN VULGAIRE: l’histoire externe (IIIe – Ve ss. de notre ère)
L’objectif d’étude
Etudier les conditions historiques dans lesquelles le latin vulgaire évoluait
L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants: le latin classique, le latin vulgaire, le bas latin, la romanisation, le bilinguisme, l’unilinguisme, une inscription épigraphique
L’apprenant doit savoir:
La définition des termes du cours
Les principaux événements historiques de l’époque (l’histoire externe)
La chronologie de l’évolution de la langue latine
Les particularités de chaque étape de l’évolution du latin
Les étapes et les méthodes de la romanisation de la Gaule
Les particularités de la romanisation de la Gaule
Les causes de la crise vécue par l’Empire romain aux IIe –Ve ss. de n.ère
Les sources de nos connaissances sur le latin vulgaire en Gaule
L’apprenant doit savoir faire:
Différencier les étapes et les méthodes de la romanisation de la Gaule
Exposer les particularités de la romanisation de la Gaule
Expliquer les causes de l’abandon des idiomes celtiques par les Gaulois au profit du latin
Analyser les causes de la crise de l’Empire romain
Expliquer la différence stylistique et chronologique entre le latin classique et le latin vulgaire
Présenter et comparer les sources de nos connaissances sur le latin vulgaire
Le plan
I. La chronologie de l’évolution de la langue latine.
II. La romanisation de la Gaule.
1. Les étapes de la romanisation de la Gaule.
2. Les méthodes de la romanisation de la Gaule.
3. Les particularités de la romanisation de la Gaule.
III. La crise de l’Empire romain (IIe – Ve ss. de n. ère).
IV. Les sources de nos connaissances sur le latin vulgaire.
I. La chronologie de l’évolution de la langue latine.
Avant de devenir «vulgaire» la langue latine a connu une longue évolution où l’on distingue trois périodes:
IIIe s. av. n. ère – fin du IIe s. av. n. ère – la période archaïque (le latin archaïque);
Ie s. av. n. ère – IIe s. de n. ère – la période classique (le latin classique);
IIIe s. – Ve s. de n. ère – la période du latin dit vulgaire.
La période archaïque
Elle nous a laissé très peu de monuments écrits.
Après la conquête de la Grèce (146 avant notre ère) sa culture devient exemple et modèle à suivre à la culture et littérature romaines.Le latin archaïque emprunte beaucoup de mots au grec qui est une langue beaucoup plus perfectionnée et soignée que le latin archaïque.
La période classique
Pendant ces trois siècles la civilisation latine s’épanouit, c’est l’essor de la culture, de la littérature et des arts latins; la langue latine vit son «âge d’or».
Le latin ne change presque pas, ses normes élaborées pendant les siècles précédents, établies et fixées dans les oeuvres des meilleurs poètes, prosateurs, philosophes de l’époque restent figées. La littérature est très riche, il n’y a qu’à citer les noms de Cicéron, Virgile, Lucrèce, Tacite et d’autres. Les écrivains, les poètes, les philosophes, les grammairiens romains soucieux de sauvegarder la perfection de la langue classique, veillent à la pureté de la langue latine et condamnent les «fautes» du latin vulgaire.
La langue latine classique est basée sur les normes solides et immuables, ses formes grammaticales sont toujours correctes, la syntaxe abonde en propositions complexes, son lexique est parfait.
Mais à côté du latin officielappelé sermo eruditus, perpolitus, urbanus, il existe un autre latin parlé par les habitants de l’énorme Empire que l’on appelle sermo cotidianus, usualis, plebeius, vulgaris, proletarius, rusticus, militaris.
Ainsi, déjà à l’époque classique le latin connaît deux genres (styles):
– littéraire, officielle, écrite par excellence = style élevé = latin classique dans le sens propre de ce terme;
– parlée, non officielle, orale par excellence = style familier = latin vulgaire, populaire.
La différence entre les deux formes concerne avant tout le vocabulaire.
La période du latin vulgaire
Historiquement c’est l’époque qui commence avec le déclin de l’Empire romain et se termine avec la formation des Etats barbares où la population parlait les anciennes langues romanes.
L’affaiblissement et puis la chute de l’Etat romain changent considérablement la situationlinguistique sur le territoire de l’Empire romain. L’accès aux écoles devient plus difficile, leur nombre décroît. L’art, la littérature et la science se dégradent.
Le latin vulgaire romptu ses liens avec la tradition littéraire et grammaticale du latin classique. Les normes grammaticales et stylistiques ne sont plus observées.
Les termes par lesquels les linguistes désignent le latin de l’époque mettent en évidence différents aspects de la langue latine vulgaire. D’abord, c’est le latin tardif. Ce terme souligne l’aspect temporel de l’idiome latin succédant au latin classique. Puis le latinvulgaire (de vulgaris – «usité par tout le monde» < vulgus «foule»), latin rustique (= du village), latin quotidien (= de tous les jours). Le terme bas latin désigne le latin médiéval. Toutes ces dénominations mettent en valeur le caractère non officiel, essentiellement parlé et familier du latin vulgaire, utilisé dans la vie quotidienne non seulement par le menu peuple, mais également par les couches sociales aisées.
Ainsi, les termes «latin classique / latin vulgaire» ont-t-ils double sens, chronologique et stylistique.
II. La romanisation de la Gaule.
La romanisation c’est le processus de l’assimilation de la culture romaine par les peuples conquis sur les territoires annexés à Rome.
1. Les étapes de la romanisation de la Gaule.
Les conditions de la romanisation, ses méthodes, ses formes, variaient en fonction de plusieurs facteurs: éloignement de la province, la durée de la romanisation, etc.
La romanisation de la Gaule tout comme celle de chaque province romaine a passé par trois étapes:
A. L’adoptation du latin par la population autochtone (celtique = gauloise) et son assimilation essentiellement par la voie de l’enseignement. Le latin reste une langue étrangère pour les autochtones (les Celtes = les Gaulois).
B. La coexistence des deux langues: latin et celtique (gaulois). La situation du bilinguisme se crée: les aborigènes (les Celtes = les Gaulois) parlent aussi bien le latin que leur langues maternelles.
C. La disparition des langues locales: elles sont éliminées de l’usage, les aborigènes ne parlent que le latin, oubliant leur idiomes maternels. Le latin (vulgaire) devient langue maternelle.
Au Ve s. l’unilinguisme latin est atteint, et les langues celtiques ont disparu.
2. Les méthodes de la romanisation de la Gaule.
Les Romains implantent partout en Gaule leur langue et romanisent les peuples conquis. Ils n’imposent pas vraiment le latin aux vaincus; ils ignorent simplement les langues «barbares» et s’organisent pour que le latin devienne indispensable aux peuples conquis.
A. Le latin: langue de la promotion sociale.
Les Gaulois qui aspirent à la citoyenneté romaine doivent adopter les habitudes, le genre de vie, la religion et la langue de Rome. Ce sont là les conditions pour bénéficier de tous les avantages de la citoyenneté romaine, indispensable à celui qui veut gravir les échelons de la hiérarchie sociale.
B. La langue de l’enseignement.
Les Romains créent partout nombre d’écoles où les maîtres romains enseignent aux enfants des auborigènes le latin. La Gaule se distingue des autres territoires romains: dans aucune autre province romaine il n’y a autant d’écoles qu’en Gaule. Ainsi, les enfants venus à l’école entendent un latin pur et l’imitent. Bien plus, les maîtres originaires d’Italie corrigent leur fautes et celles de leurs parents.
Plusieurs villes deviennent de grands centres de la culture romaine (Lyon, Arles, Toulouse, Bordeaux, etc.)
C. La langue de la puissance financière.
La monnaie romaine s’impose dans tout l’Empire; les compagnies financières gèrent l’administration romaine, en employant uniquement le latin.
D. La langue de l’armée.
L’armée constitue un puissant moyen de romanisation. Lors du service militaire les soldats d’origines ethniques différentes recrutés dans diverses provinces romaines et dont les langues maternelles sont différentes, utilisent le latin pour se comprendre et se communiquer dans l’armée impériale.
E. Les colonies de peuplement.
En guise de récompense pour des services rendus, de nombreux Romains reçoivent gratuitement des terres dans les régions annexées par l’Empire romain. Les colonies de peuplement sont importantes parce qu’elles contribuent à étendre le latin jusque dans les campagnes.
F. Un réseau routier efficace.
Les Romains fondent un vaste réseau routier fait de chaussées dallées qui permettent d’atteindre rapidement les régions les plus éloignées de l’Empire. Ces routes servent au transport des troupes militaires, des marchandises et des messageries de la poste impériale. C’est le moyen très efficace de propager le latin surtout parmi les aborigènes qui viennent y travailler.
G. La religion chrétienne.
Le christianisme devient en 394 la religion d’Etat; la langue de la religion chrétienne est le latin, donc, indispensable aux fidèles pour pratiquer le culte et à ceux qui aspirent à se convertir au christianisme. Elle joue un rôle important dans la romanisation des peuples de l’Empire romain et dans le maintien de l’unité linguistiques des peuples romanisés.
3. Les particularités de la romanisation de la Gaule.
Le nom de la Gaule fut donné par les Romains au territoire correspondant à la France, à la Belgique (la Gaule Transalpine) et à l’Italie du Nord (la Gaule Cisalpine). L’Aquitaine fut peuplé par les Aquitains, très proches des Ibères.
La conquête de la Gaule Cisalpine commence au IIIe s. av. n. ère et s’achève en 191 av. n. ère par son annexion à Rome.
En 120 av. n. ère les Romains créent au sud de la Gaule Transalpinela Provincia romana (Narbonnaise) dont le centre est l’ancienne ville celtique de Narbon. Les Romains y construisent des routes, y fondent des villes. En 49 av. n. ère César accorde la citoyenneté aux habitants de la Narbonnaise ce qui favorise sa romanisation. La population de la Provincia assimile vite la langue et la culture romaine. La colonisation (et donc la romanisation) du Sud de la Gaule a un caractère paisible.
Par contre, le centre de la Gaule oppose une vive résistance à César. Les Gaulois littéralement exterminés et leur pays ravagé, les conquérants s’y installent définitivement vers 51 av. n. ère. Les Celtes sont assimilés à l’Empire romain et perdent leur indépendance culturelle, confrontés à l’expansion des Romains qui ont la supériorité politique et portent une culture beaucoup plus avancée, notamment en raison de l’usage de l’écriture, encore ignorée des Celtes. La défaite des Gaulois s’explique en plus par une absence de cohésion sociale et politique des peuples celtiques.
C’est le début de la civilisation gallo-romaine, qui dure environ six siècles. Le latin devient langue officielle sur le territoire gallo-romain.
L’intégration des Gaulois au monde romain s’effectue assez facilement, notamment par l’école (réalité absente chez les Gaulois), par l’assimilation de l’aristocratie gauloise aux nouveaux maîtres et parce que la religion ne constitue pas une barrière très importante entre les uns et les autres. Les langues celtiques, le gaulois y compris ne s’écrit pas, ce qui facilite leur disparition. D’ailleurs, l’absence de documentation est imputable aux druides, qui refusent l’écriture.
De rares renseignements sur la langue des Celtes nous ont parvenu grâce aux textes des auteurs latins et à un petit nombre d’inscriptions faites en celtique.
Ayant rattaché la Gaule Transalpine, Rome l’a colonisée et romanisée très vite étant donné que:
A. L’état romain de l’époque est très fort: Ier s. av. n. ère – Ier s. de n. ère il vit son âge d’or.
B. Le nombre de colons, de fonctionnaires, d’anciens légionnaires qui obtiennent les terres en Gaule est assez important en comparaison avec les autres territoires colonisés.
C. L’idiome parlé en Gaule – le celtique et le latin, sont apparentés et tous les deux font partie de la famille des langues indo-européennes.
D. Les Romains fondent un nombre important d’écoles en Gaule, où les enfants celtiques apprennent la langue latine.
E. La Gaule assimile le latin plutôt sous sa forme usuelle parlée.
F. Le caractère de la romanisation de la Gaule est irrégulier et asyncronique.
Depuis déjà l’époque de la romanisation la Gaule est divisée linguistiquement en deux parties étant donné que les conditions historiques et l’époque de l’intégration du Sud et du Nord de la Gaule dans l’Empire ont été différentes.
Les Gaulois du Nord ont assimile le latin parlé (ou vulgaire).
Le Sud de la Gaule, ayant adopté le latin par la voie d’enseignement et sous sa forme plus officielle, parle un latin plus correct, plus soigné, plus «classique».
Le Sud de la Gaule qui a connu une romanisation de longue date sera plus résistant à l’influence germanique. C’est pourquoi le provençal, né sur les territoires de l’ancienne Province Narbonnaise accuse un caractère plutôt classique. Les contrées romanisées beaucoup plus tard et, de ce fait, n’ayant subi longtemps l’influence de la métropole, sont plus mobiles et évoluent plus rapidement, tel le français, né au Nord de la Gaule.
La Gaule est l’une des provinces romaines où la romanisation a été totale.
III. La crise de l’Empire romain (IIe –Ve ss. de n. ère).
A partir du IIIe s. de n. ère Rome vit une crise permanente.
La vie économique se ralentit. Le travail forcé des esclaves est remplacé progressivement par le travail libre des paysans. L’inégalité sociale et économique provoque constamment les révoltes des esclaves, des colons et des paysans. A Rome la noblesse, les classes dirigeantes se disputent et se partagent sans cesse le pouvoir négligeant la gestion du pays. Les routes reliant les provinces romaines sont mal entretenues, le réseau routier se dégrade, ce qui empêche les relations entre les provinces et la métropole. Le niveau de vie à Rome même est en baisse.
Les Romains d’origine s’étant désintéressés de la guerre, les empereurs romains accueillent de plus en plus de mercenaires germaniques comme soldats: on enrôle des Francs, des Goths, des Saxons, des Alamans, etc., pour grossir l’armée. Ces soldats germaniques offrent une faible barrière de protection contre les incursions des autres tribus germaniques, qui pénètrent de plus en plus dans l’Empire.
En plus, Rome est gouverné par les empereurs issus des provinces romaines. C’est dire que les empereurs ressortissants des provinces s’attachent moins aux intérêts de l’Etat romain que s’ils étaient originaires de Rome.
A partir du IIIe s. de n. ère jusqu’au Ve s. de n. ère la crise s’aggrave.
La langue latine populaire parlée dans les différentes provinces de Rome se morcellent peu à peu suivant les conditions politiques, sociales et géographiques de chaque région.
IV. Les sources de nos connaissances sur latin vulagire.
La forme essentiellement orale du latin vulgaire explique le fait qu’il n’existe aucun document qui soit rédigé en latin parlé. Comment les linguistes ont-ils réussi à reconstruire les formes latines qui avaient servi de base aux formes romanes? Ils ont dépouillé, d’une part, des vestiges épigraphiques, et, d’autre part, des textes littéraires latins afin d’y trouver des mutations grammaticales, phonétiques ou lexicales. Rédigés par des gens souvent peu lettrés, les textes fourmillent de «fautes» qui reflètent les modifications survenues dans l’usage du latin.
A. Les vestiges épigraphiques.
A la fin du XIXe s., l’historien allemand Th. Mommsen (1867 – 1903) a rassemblé dans le Corpus inscriptionum latinarum en 16 volumes des inscriptions trouvées sur différents territoires de l’ancienne Romania embrassant la période de huit siècles (du IIIe s. av. n. ère au IVe s.).
Les inscriptions sont très appréciées par les savants car elles représentent des textes authentiques qui n’ont pas subi de transformations au cours des siècles sous les plumes de plusieurs copistes, permettant de lire dans l’original les documents écrits de l’époque. En plus, la chronologie de ces documents peut être établie avec beaucoup de précision, ce qui permet de rapporter les mutations observées à une époque bien déterminée. S’y joignent d’autres avantages des inscriptions: leur contenu reste presque toujours invariable, exempt de colorations locales; l’ensemble de moyens linguistiques utilisés dans les épitaphes et les tablettes portant des formules magiques est très restreint, leur structure et composition ne changent presque pas avec le temps.
B. Les témoins littéraires.
Les belles lettres. Les comédies de T.-M. Plaute, le roman Satiricon de C. P. A. Pétrone et d’autres oeuvres abondent en mots familiers des esclaves et des affranchis reflétant les particularités du latin parlé.
La littérature spécialisée. Le dépouillement de nombreux traités sur la médecine, l’architecture, l’agriculture, l’art culinaire fournit de précieuses données concernant les modifications phonétiques, grammaticales et lexicales du latin populaire.
Les textes religieux. Nombreux sont les écrits théologiques et historiques dont l’analyse minutieuse révèle les voies du développement de la langue. Les plus importants textes de l’époque sont les versions latines de la Bible dénommées Itala et Vulgata.
C. Les grammaires du haut Moyen Age.
Parmi les écrits grammaticaux, le texte dénommé Appendix Probi présente le plus grand intérêt pour la reconstitution du latin vulgaire. Ce texte qui date du IIIe s. ou du début du IVe s. de n. ère n’est que l’appendice à la grammaire de A. D. Donat, publié par l’éditeur Prob. C’est une espèce de commentaire de texte fait sur les marges d’un manuscrit: l’auteur explique des mots obscurs au fur et à mesure qu’il en trouve dans le texte.
D. La comparaison (confrontation) des langues romanes.
Les sources du latin vulgaire étant insuffisantes, il existe évidemment des lacunes, des cases vides quant à sa grammaire, son phonétisme et son vocabulaire.
Toutes les données sur les langues romanes modernes ayant été minutieusement recueillies à partir du XIXe s., les linguistes procèdent à les confronter entre eux et aux éléments correspondants du latin classique. Une telle approche permet de reconstruire le système du latin vulgaire. Appliquant la méthode comparative, les linguistes rapprochent les formes et les mots corrélatifs des langues romanes pour restituer la forme respective du latin vulgaire. Cette forme dont l’existence n’est attestée dans aucun texte est marquée d’un astérisque (*) dans les dictionnaires étymologiques. Par ex., oie < *auca: ayant confronté auca prov., oca it., esp., oie fr., les savants ont reconstitué la forme du latin vulgaire *auca (< avica, diminutif de avis). Or, tout récemment, elle a été retrouvée dans les gloses.
Questions ( * - questions demandant des reflexions)
I. En combien de périodes l’évolution de la langue latine est-elle divisée?
* Pourquoi la langue latine emprunte-t-elle beaucoup à la langue grecque entre le IIIe et le IIe ss. av. n. ère?
Qui créait les normes du latin classique et veillait à ce qu’elles soient respectées?
Que désigne le terme «latin vulgaire»? A-t-il des synonymes?
Quelles sont les limites temporelles du latin vulgaire?
II. 1. Par quelles étapes a passé la romanisation de la Gaule?
* Est-ce que la romanisation a été toujours et partout la même?
* Quels sont les facteurs qui prédéterminait la durée et le degré de la romanisation?
2. Quelles sont les méthodes que les Romains utilisent pour implanter leur langue aux peuples conquis?
* Laquelle est la plus efficace? Rangez les méthodes selon le degré d’efficacité.
3. Quelles sont les particularités de la romanisation de la Gaule?
Pourquoi les Gaulois ont-ils abandonné leur langue maternelle au profit du latin?
Quand les Gaulois ont-ils abandonné leurs langues maternelles?
* Pourquoi la langue celtique (gauloise) s’éteignait-elle moins vite dans les régions montagneuses et rurales?
* Y a-t-il actuellement en France des régions où l’on parle une langue celtique?
* Par quoi s’expliquent les différences de la romanisation du Sud et du Nord de la Gaule?
* Quelles en sont les conséquences linguistiques? Se ressentent-elles de nos jours?
III. Quelles sont les causes internes de la dégradation de l’Etat romain?
* Comment l’affaiblissement de l’Empire romain se répercute-t-il sur l’existence et le fonctionnement du latin?
IV. D’où les linguistes puisent-ils des données sur les transformations survenues en latin vulgaire?
* Laquelle de ces sources est la plus sûre et pourquoi?
Quels sont les textes les plus connus qui fournissent des données sur les mutations survenues en latin vulgaire? Sont-ils rédigés en latin vulgaire?
* Que marque un astérisque devant un mot?
Devoirs
1. Définissez: le latin classique, le latin vulgaire, le bas latin, la romanisation, le bilinguisme, l’unilinguisme, une inscription épigraphique.
2. Expliquez pourquoi le latin officiel était appelé sermo eruditus, perpolitus, urbanus; un autre latin était appelé sermo cotidianus, usualis, plebeius, vulgaris, proletarius, rusticus, militaris. (voir I)
3. Trouvez sur la carte la Gaule Cisapline, la Gaule Transalpine. Quels pays s’étendent sur ces territoires à l’heure actuelle?
4. Trouvez sur la carte les anciens centres de la culture romaine: Lyon, Toulouse, Arles, Bordeaux, Narbonne.
Cours théorique 2