LE MOYEN FRANÇAIS: LES CHANGEMENTS MORPHOLOGIQUES
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LE moyen français: LES CHANGEMENTS MORPHOLOGIQUES

 

L’objectif d’étude

Apprendre les particularités grammaticales du moyen français

 

L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants:

Le cas sujet (direct), le cas régime (indirect, oblique), niveler ( = refaire = régulariser, unifier), par analogie, une forme étymologique, une forme analogique, une alternance (de radical, de thème), une désidence ( = une flexion), un nom parisyllabique (imparisyllabique)

 

L’apprenant doit savoir:

Les modifications morphologiques survenues dans le nom, l’adjectif, les pronoms, le verbe

Les principalés tendances de l’évolution de la structure morphologique du moyen français

 

L’apprenant doit savoir faire:

 

Analyser les changements linguistiques attestés en moyen français

Expliquer les causes des transformations survenues en moyen français

Analyser les causes de la dégradation complète du système casuel en moyen français

Préciser les valeurs de l’article (défini et indéfini) en moyen français

Expliquer les causes du nivellement des formes verbales en moyen français

Présenter les principales voies du nivellement des formes verbales en moyen français

Trouver les processus phonétiques qui sont à l’origine des changements morphologiques

Etablir les relations structurales entre les changements tenant compte de leur caractère systhématique

Montrer avec des exemples la tendance à la refaite analogique des formes grammaticales

 

Plan

 

I. Le nom.

1. La disparition de la déclinaison.

2. Le nivellement des formes.

II. L’article.

1. L’article défini.

2. L’article indéfini.

3. L’article partitif.

III.  L’adjectif.

1. Le nombre: le nivellement des formes/

2. Le genre: le nivellement des formes.

3. Les degrés de comparaison.

IV.  Les pronoms.

1. Les pronoms personnels.

2. Les pronoms possessifs.

3. Les pronoms démonstratifs.

V.  Le verbe.

1. Le nivellement des formes personnelles.

2. Les formes non personnelles du verbe.

3. Les velaurs et les emplois des formes verbales.

 

Ce qui caractérise la morphologie du moyen français c’est une forte tendance à régulariser ( = refaire, niveler, unifier) par analogie les formes morphologiques irrégulières, étymologiques par excellence. La réduction des irrégularités se fait le plus souvent par la voie analytique. L’objectif de l’unification consiste d’une part, à éliminer les oppositions vides de sens grammatical, d’autre part, à préciser et délimiter les fonctions des formes grammaticales. Du fait que ces changements constituent un procès durable, les formes anciennes coexistent avec les formes nouvelles tout au long du moyen français.

 

I. Le nom.

Les principaux changements y sont les suivants:

la disparition de la déclinaison;

le nivellement des formes.

 

2. La disparition de la déclinaison.

La tendance à la réduction du système casuel qui caractérise déjà le latin populaire et l’ancien français, aboutit en moyen français à la disparition totale de la déclinaison. Plusieurs facteurs y contribuent.

 

A. Le cas régime était polyvalent dès son origine: déjà en ancien français les formes casuelles du régime, renforcées par des prépositions, assumaient les fonctions de tous les cas obliques latins (Génétif, Datif, Accusatif, Ablatif). Au niveau syntaxique grâce à cette polyvalence le cas régime remplissait la fonction de différents termes de proposition à part le sujet. Depuis le moyen français les formes des cas sujet et régime servent surtout à exprimer l’opposition «sujet – complément direct», c’est-à-dire, ces formes n’ont qu’une seule valeur d’ordre syntaxique. Mais cette même valeur peut être rendue non par les formes casuelles du mot, mais par un moyen syntaxique – l’ordre direct des mots dans la proposition. Il s’est avéré qu’une valeur grammaticale (par ex., celle du sujet) possède deux moyens d’expression (une flexion et la position initiale dans la proposition); il s’ensuit que l’un de ces moyens excessifs (redondants) est éliminé par la langue. Finalement, l’ordre des mots a prévalu dans l’expression des rapports syntaxiques au détriment des formes casuelles.

Ainsi, la déclinaison issue du latin et réduite à deux cas en ancien français tombe, favorisant ainsi une stabilisation de l’ordre des mots dans la phrase (sujet + verbe + complément). En moyen français l’ordre direct des mots s’impose de plus en plus, devenu prédominant, mais il ne se stabilisera définitivement qu’au XVIIe s.

 

B. L’emploi de l’article qui devient de plus en plus régulier contribue également à la décadence de la flexion.

Rappelons qu’en ancien français l’article se déclinait. 

 Cas sujet

 li murs

 li mur

 Cas régime

 le mur

 les murs

 

Si le nom est employé avec l’article, il devient impossible de confondre ses formes casuelles: mur sans article peut être soit la forme casuelle du cas régime singulier, soit celle du cas sujet pluriel. Mais si cette même forme casuelle mur est accompagnée d’un article (le ou li), son sens grammatical devient précis, déterminable sans confusion: lemur – cas régime singulier; li mur – cas sujet pluriel. Ainsi, la flexion devient-elle une marque excessive (= redondante), que la langue élimine peu à peu au profit de l’article.

 

C. Il ne faut pas oublier un facteur d’ordre phonétique qui allait de pair avec les tendances grammaticales et qui a contribué à la disparition du système casuel. Il s’agit de la chute de la consonne finale -s

 

D. L’imperfection du système casuel tenait aussi du fait qu’en ancien français quantité de noms hésitaient entre les deux genres et s’employaient tantôt au féminin, tantôt au masculin. Par ex., ducatus > duchiez, qui est masculin d’après le genre étymologique (latin), tend à devenir féminin, d’après les mots cité, clarté, etc. Ceci produisait un déséquilibre dans la déclinaison, tenant compte que les féminins étaient indéclinables depuis l’ancien français, tandis que les masculins se déclinaient encore.

La disparition de la déclinaison se produit au profit du cas régime: c’est la forme du cas régime qui subsiste vu son emploi beaucoup plus  fréquent à cause des multiples fonctions syntaxiques qu’elle assume. 

 

Ancien français

Moyen français

 

 Sing.                 Plur.

 Sing.            Plur

 Cas sujet

 murs                  mur

 --------------------

 Cas régime

 mur                  murs → →   →

 mur              murs

 

Ce n’est qu’à partir du moyen français que la flexion -s devient donc la marque du pluriel.

Quelques mots français y font exception parce qu’ils ont gardé les formes du cas sujet, s’étant opposés de la sorte à la tendance générale qui avait privilégié celles du cas régime.

 

A. Certains noms s’employaient souvent au vocatif dont la forme se confondait avec le nominatif. Il s’agit des noms communs (fils, soeur, gars, prêtre), plusieurs prénoms (Charles, Gilles), etc. Le cas régime fil se rencontre dans les chansons populaires, ce qui témoigne du caractère conservateur de la langue parlée et populaire.

 

B. La langue a gardé les formes des deux cas en tant que deux vocables différents avec des sens ou fonctions différents. Cette différentiation lexicale des formes casuelles contribue à enrichir le vocabulaire: on – homme, sire – sieur ( > monsieur), etc.

 

 

Ancien français

Français moderne

 Cas sujet

 on               >

 on  (pronom)

 Cas régime

 ome            >             

 homme (substantif)

 

Au cours du XIVe s. on rencontre encore des vestiges de la déclinaison désordonnée chez plusieurs auteurs. Les restes du système casuel se retrouvent même au commencement du XVIIe s.

La déclinaison, éteinte dans la langue littéraire, vit encore de nos jours dans quelques patois franco-provençaux.

 

2. Le nivellement (=> la régularisation => l’unification) des formes.

L’effacement du système casuel a pour conséquence le nivellement > la régularisationdes formes; rappelons qu’à l’époque c’est la tendance essentielle dans l’évolution des noms.

Les principales voies de régularisation sont les suivantes:

 

A. Dans le groupe de substantifs dits imparisyllabiques l’alternance des radicaux qui opposaient le cas sujet singulier aux autres formes du même nom est  éliminée au profit du cas régime:

 

 

Ancien français

Moyen français

 

 Sing.                 Plur.

 Sing.            Plur

 Cas sujet

 cuens             comte

 --------------------

 Cas régime

 comte             comtes

 comte             comtes

 

 Trois formes dont l’une est irrégulière: cuens

 Deux formes, toutes les deux sont régulières

                         

B. En ancien français certains noms perdait la dernière consonne devant le -s flexionnel ce qui augmentait le nombre de formes.

L’unification de ces formes s’effectue: 

 soit d’après le modèle du singulier:

Ancien français 

 

Singulier            .

Pluriel

 Cas sujet

 ches < (che (f↓)s)      

 chef

 Cas régime

 chef

    ↓   

     

 ches< (che (f)s)

         ↑

→→

 

Moyen français, français moderne: 

 

Singulier            .

.Pluriel

 Cas régime

 chef

 (ches)> chef↑s

 

– soit d’après le modèle du pluriel:

Ancien français 

 

Singulier            .

Pluriel

 Cas régime

 drapel

 coutel

     ↑ 

          ←←←←←←←

 drapeaus

 couteaus

       

 ←← 

 

Moyen français, français moderne: 

 

Singulier            .

Pluriel

 Cas régime

 drapeau

 couteau

 drapeaux

 couteaux

 

Donc, si en ancien français la langue possédait deux formes casuelles, mais irrégulières (conseus – conseil; ches – chef), le moyen français en a aussi deux, mais régulières: conseil – conseils; chef – chefs, drapeau – drapeaux.

L’éliminaton des alternances est un procès très lent, le moyen français en connaît maints flottements.

 

II. L’article.

 

1. L’article défini.

L’article défini perd sa forme li (celle du cas sujet) ce qui résulte de la déchéance de la déclinaison. Les formes simples sont le, la, l’, les.  Les formes contractées sont du (dou), des; au, aux (as); ou, eu (enl), es. Les formes contractées avec en disparaissent de la langue courante aux XVe – XVIe ss. On en trouve les restes dans le type «bachelier (licencié) ès lettres».

L’article défini dont l’emploi est limité en ancien français par la nature du nom (il ne s’employait que devant les noms concrets) et par la fonction syntaxique du nom (il accompagnait le plus souvent les noms sujets) est plus fréquent en moyen français.

Son usage s’étend dans deux sens – sémantique et syntaxique. D’une part, il apparaît devant les noms de peuples et de provinces (li François, les Rommains, les Saxons, etc.), d’autre part, il s’emploie devant les noms en fonction de différents compléments.

Devant les noms abstraits l’emploi de l’article défini est rare. La valeur généralisante se développe lentement:  Qui quiert noblesse en autre opinion fait a Dieu tort et au sang préjudice; Povre et riche meurt en coruption, noble et commun doivent à Dieu service. Mais: Le flateur est anemy de toute vérité.

 

2. L’article indéfini.

L’article indéfini s’enrichit d’une nouvelle forme du pluriel des qui remplace les anciennes formes uns, unes. En ancien français ces formes-ci avaient une valeur collective et s’appliquaient à une paire: unz ganz (AF) = des gants (FM). Pourtant la nouvelle forme est assez rare en moyen français. La valeur d’individualisation indéterminée, absente en ancien français, se développe et se précise, mais elle est loin d’être commune.  L’article indéfini se combine de plus en plus fréquemment avec les noms précédés d’un adjectif: en un moult biel (bel) vregier (vergier) entrai; avec les substantifs en fonction d’attribut: la court est ung couvert de gens qui … ; il apparaît également dans les comparaisons: (la court) … se fait convoiter comme une ribaulde bien parée… .

 

3. L’article partitif.

Cet article commence à accompagner les noms de matière: … que je vous donasse a boire de l’eaue de la fontaine…, mais cet usage n’est pas encore régulier, car l’article zéro y résiste toutefois.

 

III. L’adjectif.

Tout comme le substantif, l’adjectif cesse de se décliner en moyen français et n’a désormais qu’une seule forme pour le singulier à désinence zéro et une autre pour le pluriel à désinence -s.

Mais la tendance générale à régulariser les formes étymologiques connaît beaucoup de flottements.

 

1. Le nombre: le nivellement (=> la régularisation => l’unification) des formes.

 

Parmi les adjectifs dont les radicaux alternent au singulier et au pluriel la langue  privilégie soit le radical du pluriel, soit celui du singulier.

 

A. Pour certains adjectifs c’est la forme du pluriel qui est choisie.

 

Ancien français
Moyen français
 Sing.
 Plur.
 Sing.
 Plur.
 jolif
 jolis
 joli
 joli s

                           

Les adjectifs en -el / eaux, -ol / ous refont leur singulier sur le modèle du pluriel :

 

Ancien français
Moyen français
 Sing.
 Plur.
 Sing.
 Plur.
 bel
 beaus
 beau
 beau x

 

Mais ils gardent le radical à consonne finale -l devant un nom commençant par une voyelle au singulier, par ex.: beau jour / bel ami (mais: beaux amis), ainsi que fou / fol, nouveau / nouvel, vieux / vieil, etc. Néanmoins, tout comme dans les noms, les deux formes alternent librement jusqu’au XVIe s. même devant les noms à l’initiale consonantique: vieil couteau, des livres vieils, etc.

 

B. Pour d’autres la langue a laissé la forme du singulier. 

 

Ancien français
Moyen français
 Sing.
 Plur.
 Sing.
 Plur.
 vif
 vis
 vif
 vif  s

 

Il reste toutefois quelques adjectifs (en particulier ceux qui se terminent en -al / -aux) qui ont gardé l’alternance en tant que moyen morphologique pour distinguer le singulier et le pluriel: amical / amicaus (amicaux). Cette voie de la formation du pluriel des adjectifs aussi bien que des substantifs est à tel point stable que les adjectifs et les substantifs qui vont pénétrer plus tard dans la langue formeront le pluriel à l’aide de -aux: central – centraux, structural – structuraux.

 

2. Le genre: le nivellement (=> la régularisation => l’unification) des formes.

Le genre féminin généralise la désinence -e qui devient une marque morphologique de genre: bon / bone, cler / clere, etc. (rappelons que la finale -e se prononce encore en moyen français).

A partir du XIVe s. suivant la tendance à niveler les formes, les adjectifs (et les participes) qui avaient une seule forme pour les deux genres en ancien reçoivent la désinence -e non-étymologique au féminin: grant > grande, fort > forte. Mais l’hésitation entre grand et grande dans grand-mère, grand-peine et autres constructions figées a duré jusqu’au XVIIe s., lorsque les grammairiens décident que ces composés avec grand puissent fonctionner comme féminin, archaïsme qui persiste jusque dans la langue moderne: grand-mère, grand-rue, … et autres, ainsi que dans les noms propres: Granville etc.

De même, les adjectifs en -el, -il, -al (cruel, gentil, roial, loial), en -eur (mineur, majeur, intérieur), en -ant (luisant, vaillant) forment désormais le fémin avec -e. La tendance est si forte que même le -e étymologique se trouve parfois éliminé au masculin: util (< utilis, -e, lat.), etc.

En ancien français, à la suite de l’évolution phonétique, certaines formes adjectivales du féminin et du masculin différaient, par ex.:

 

Ancien français 

Masculin

Féminin

 lonc

 longe

 vif

 vive

 blanc

 blanche

 larg

 large

 

En moyen français la tendance à niveler les formes généralise:

 

A. Tantôt la forme du féminin: par ex., de deux formes larg (m) et large (f) reste celle du féminin large, unique désormais pour les deux genres.

 

B. Tantôt la forme du masculin: par ex., de deux formes françois (m) (< franciscus) et francesche (< francisca)  reste celle du masculin françois (> français).

 

C. Parfois la différence demeure: vif / vive, neuf / neuve, sec / sèche, blanc / blanche, franc / franque, etc.

En ancien français les adjectifs en -ique étaient variables en genre: heroic / heroicque, grec / grecque, turc / turcque, public / publicque, etc. Les adjectifs en -ique pénétrés dans la langue française aux XIVe – XVe ss. ont deux formes, eux aussi: oeconomic / oeconomicque. Plus tard seuls les adjectifs datant de l’ancien français restent variables en genre: public / publique, tandis que les adjectifs plus «récents» n’ont qu’une forme pour les deux genres: rustique, politique, pratique, etc.

Cependant, tout au long du moyen français et même au XVIe s. les formes étymologiques irrégulières et analogiques (régularisées) coexistent.

Le langage populaire d’aujourd’hui poursuit la tendance des adjectifs à l’invariabilité: une femme mal, une balle explosif.

 

3. Les degrés de comparaison des adjectifs.

Pour former le superlatif les adjectifs sont de plus en plus souvent accompagnés de l’article défini.

En ancien français et surtout en moyen français quantité de formes en -isme ont inondé la langue: altisme, bonisme, grandisme. Ce siffixe est d’origine savante (latine). A côté des superlatifs savants, la langue française emprunte également au latin les comparatifs savants tels que inférieur, supérieur, postérieur, etc.

 

IV. Les pronoms.

Dans la classe des pronoms on atteste deux tendances principales:

la tendance à la spécialisation des fonctions des formes; il en résulte la disparition de plusieurs formes de pronom;

la tendance à la régularisation des formes par analogie.

 

1. Les pronoms personnels.

Les pronoms personnels restent fidèles à leur système casuel qui comporte trois cas.

 

Singulier

Pluriel

 Cas sujet

 je

 tu

 il

 elle

 nous

 vous

 il

 elles

 Cas régime direct

 me

 te

 le

 la

 nous

 vous

 les

 les

 Cas régime indirect

 -“-

 -“-

 lui

 lui

 -“-

 -“-

 leur

 leur

 

¹ Sur le modèle du nom où la flexion -s est devenue la marque du pluriel, cette même désinence, muette déjà, vient s’ajouter au pronom de la 3 e personne du pluriel du masculin  ils (z), le féminin la possède étymologiquement (illi > il, ellas > eles). Néanmoins, les formes analogiques avec -s s’implantent difficilement, le XIVe s. préfère les formes étymologiques sans -s. Par ex., Froissart n’utilise presque jamais la forme avec -s: … il ne passerent plus avant … . C’est seulement au XVe s. que l’emploi du pronom ilsdeviendra plus régulier.

L’omission des pronoms sujets est moins courante qu’en ancien français, quoiqu’ils ne deviennent obligatoires qu’au XVIIe s. Dans les tours impersonnels leur emloi est encore très rare.

 Les formes toniques et atones des pronoms sujets je, tu, il s’emploient indifféremment: Tu qui vues avoir mon cheval; il et sa dame.

 

2. Les pronoms possessifs.

Le possessif, tout comme le nom, perd la catégorie du cas et ne se décline plus en moyen français.

La langue tendant à créer des formes régulières, le possessif tonique du féminin meie est concurrencé par mien, la forme tonique de la 1ière personne du masculin. Toutes les autres formes sont refaites par analogie avec mien: 

 Masculin

mien  

tuen>tien→

      ↓

suen>sien

      ↓

 Féminin (formes anciennes irrégulières)

meie

      toue

      ↓

soue

        ↓

 Féminin (formes analogiques)

mienne

tienne

sienne

                 

Ainsi l’analogie a créé un nouveau système, plus régulier, de pronoms possessifs basé sur les formes analogiques:

Masculin: mien,  tien,  sien 

Féminin: mienne, tienne, sienne

Tout de même la première forme meie (étymologique) est de beaucoup plus fréquente au XIVe s., les formes analogiques n’ayant pris le dessus qu’au XVe s.

Bien que les formes toniques (mien, tien, sien) remplissent deux fonctions (adjectivale et pronominale), elles tendent à se spécialiser comme pronoms: comment doncques pourroit il estre mien? Les formes atones (mon, ton, son) fonctionnent toujours en tant qu’adjectifs, tout comme en ancien français, se combinant même avec les démonstratifs: ce son premier voyage. Toutefois, le procès de la différentiation fonctionnelle n’est pas encore fini aux XIVe – XVe ss.

Le possessif de la 3 e personne reçoit un -s au pluriel: leurs.

Les élisions du type m’espee, t’escharpe (XIIe s.) sont de moins en moins courantes, et la pratique moderne qui consiste à employer le masculin devient presque totale en moyen français: mon espee, mon escharpe. Quelques locutions y font exception, par. ex., m’amie qui a subsisté sous la forme ma mie.

 

3. Les pronoms démonstratifs.

La déclinaison s’étant désagrégée, les seules formes du pluriel sont depuis le XVe s. – ceux et ces. Le singulier, au contraire, garde longtemps (jusqu’au XVIIe s.) plusieurs de ses formes casuelles: cil, cist, cest, cestui, celui. Le régime cel disparaît. Le féminin garde toutes ses anciennes formes.

L’ancienne opposition lexicale «éloignement – proximité» qui différait cel et cest en ancien français est rendue en moyen français par l’addition des adverbes ci et , ce qui renforce l’opposition fonctionnelle de ces formes, cel se spécialisant en fonction pronominale et cest en celle d’adjectif.

Le neutre ce reçoit les formes renforcées ceci, cela à la suite de la fusion avec les particules adverbiales ci et la.

Parfois les auteurs de l’époque ont recours aux formes anciennes des démonstratifs en i-: icelui, icelle, etc., ce qui s’explique par les besoins d’un style archaïsant.

 

V. Le verbe.

 

Les tendances principales dans le système verbal sont les suivantes:

la régularisation des formes (des désinences et des radicaux) par analogie;

la différentiation des emplois des temps et des modes.

Les catégories grammaticales du verbe étant plus nombreuses que celles du substantif, le verbe a conservé beaucoup plus de désinences par rapport au substantif.

La tendance à la régularité des formes verbales se manifeste dans l’unification par analogie des désinences et des radicaux; ainsi, les conjugaisons verbales se sont-elles régularisées et simplifiées en grande partie.

 

1. Le nivellement des formes personnelles.

 

Le nivellement (=> la régularisation => l’unification) des radicaux

 

A. Les alternances (vocaliques et consonantiques) des radicaux s’éliminent peu à peu: 

soit en laissant tomber le radical accentué: 

Ancien français

Moyen français

Trovèr                ®    ®

Trouvèr

 (je) trèuve
 (nos) trouvòns ®↑®
 je trouve
 nous trouvons
 (tu) trèuves
 (vos) trouvèz
 tu trouves      
 vous trouvez
 (il) trèuvet
 (il) trèuvent
 il trouvet
 ils trouvent
 

soit en conservant le radical accentué.

Néanmoins, durant tout le moyen âge les deux radicaux alternent donnant lieu à des formes multiples d’un même verbe:

je poise / nous pesons  ®      je poise / nous poisons

je poise / nous pesons ®      je pese / nous pesons

Les vestiges de l’ancienne alternance subsistent dans la conjugaison archaïque des verbes du 3 e groupe: il meurt / nous mourons, etc.

 

B. Dans les passés simples en -i et -u, les thèmes dissylabiques sont éliminés en grande partie grâce à l’amuïssement des voyelles en hiatus:

 

Ancien français

Moyen français

 (je) vi

 je vis

 (tu) veis

 tu vis

 (il) vit

 il vit

 

Le nivellement (=> la régularisation => l’unification) des désinences

 

A. L’unification des désinences touche en premier lieu la première personne du singulier au présent.

Le premier groupe généralise la desinence -e au présent de l’indicatif: (je) chant˜ (AF)  > je chante (MF).

Seuls les verbes qui ont pour voyelle thématique -i et -u y résistent: je merci, je salu, etc.

Vu l’amuïssement du -t final à partir du XIIe s., les formes de la 1ière et de la 3e personne du singulier (1 er groupe, présent) ne se distinguent plus dans la prononciation: je chante [ƒãtэ] = il chante [ƒãtэ]. C’est la première étape vers l’effacement des distinctions flexionnelles ( = synthétiques) entre ces formes verbales.

La généralisation de -e s’explique par plusieurs analogies:

avec les verbes qui se terminent par «muta cum liquida»: entre, semble.  Cependant le petit nombre de ces verbes laisse supposer que ce n’est pas la source principale de la diffusion de -e.

avec les 2 e et 3 e personnes du singulier du présent de l’indicatif où elle était toujours régulière:

Présent de l’indicatif

I groupe

                   Ancien français                       Moyen français

                          (je) chant˜                              je chant-e

                          (tu )chant-e­-s                        tu chant-e-s

                           (il) chant-e-t                            il chant-e-t

 

avec la 1ière personne du singulier du présent du subjonctif des verbes du 2e et du 3e groupes où la désinence -e est régulière (rappelons aussi que le mode subjonctif était très usité en ancien français, fréquent dans l’usage, donc, ses formes auraient pu servir de modèle à imiter):

Présent du subjonctif            Présent de l’indicatif

Ancien français                       Moyen français

finiss - e                                  je chant - e

finiss - e - s                            tu chant - e - s

finiss - e - t                              il chant - e - t

 

B. Le 3e groupe généralise la desinence -s au présent de l’indicatif par analogie avec le 2e groupe:

Présent de l’indicatif

III groupe

 

Ancien français                       Moyen français

je finis         (je) tien˜               je tiens

tu finis         (tu) tiens               tu tiens

il finist         (il) tient                 il tient

 

Toutefois cette désinence n’est pas encore stable en moyen français, les deux formes sont longtemps acceptables : je veil˜ / je veil-s, je oi˜ / je oi-s, etc.

 

C. Les deuxième et troisième groupes généralisent -s au passé simple, mais les deux formes alternent très longtemps: je fini˜ / je finis, je voulu˜ / je voulus, etc.

 

D. Les désinences de l’imparfait et du conditionnel sont sujettes à plusieurs transformations:

depuis le XIIe s. à la suite de l’évolution de la diphtongue ei > oi les désinences du 2e et du 3e groupes se refont par analogie avec les verbes du premier groupe:

Imparfait

II, III groupes

Ancien français                       Moyen français

Amer                    Dormir

(je) amoie    dormeie                ®      dormoie

(tu) amoies  dormeies              ®      dormoies

(il) amoit     dormeit                ®      dormoit

 

peu à peu la 1ière et la 2 e personne du singulier perdent le e non-accentué, ce qui jette les bases à l’unification ultérieure des désinences de l’imparfait:

je dormoi(e¯)       ®      je dormoi

tu dormoi(e¯)s      ®      tu dormois

il dormoit             ®      il dormoit

Mais la régularisation du singulier n’est pas encore achevée en moyen français, car le -s analogique fait seulement ses premiers pas à la 1ière personne du singulier de l’imparfait et du conditionnel.

 

E. Le subjonctif.

Au présent du subjonctif l’analogie fait apparaître les désinences -e, -es, -et du 2 e et du 3 e groupes dans les verbes du 1ier groupe:

 

Subjonctif présent

Ancien français                                Moyen français

III e gr.                 I er gr.                  I er gr.

Vendre                 Amer                    Aimer

vend-e                  aim š          ®      aim -e

vend-e-s               aim-s           ®      aim-e-s       

vend-e-t                aim-t           ®      aim-e-t

 

Il en résulte que les formes analogiques du singulier du présent du subjonctif et celles du présent de l’indicatif ne se distinguent plus.

A la 1ière personne du pluriel la désinence -ons est supplantée par -ions, ce qui oppose désormais ce mode à l’indicatif. Quant à la 2e personne du pluriel, -ez est encore plus répandue que le -iez analogique.

 

2. Les formes non personnelles du verbe.

Les formes non personnelles du verbe, tout comme le substantif, perdent la catégorie grammaticale du cas. Le participe présent et le participe passé n’ont gardé qu’une forme casuelle – celle du cas régime:

 

Participe présent

 

Masculin

 

Ancien français

Moyen français

 

 Sing.                     Plur.

 Sing.  

 Plur.   

 Cas sujet

 chantanz

 chantant

 ---------

 ----------

 Cas régime

 chantant

 chantanz

 chantant

 chantants

           

Féminin 

Ancien français

Moyen français

 

 Sing.                     Plur.

 Sing.  

 Plur.   

 Cas sujet

 chantant

 chantanz

 ---------

 ----------

 Cas régime

 chantant

 chantanz

 chantante

 chantantes

 

Participe passé

 

Masculin 

Ancien français

Moyen français

 

 Sing.                     Plur.

 Sing.  

 Plur.   

 Cas sujet

 chantez

 chantet

 ---------

 ----------

 Cas régime

 chantet

 chantez

 chanté

 chantés

           

Féminin 

Ancien français

Moyen français

 

 Sing.                     Plur.

 Sing.  

 Plur.   

 Cas sujet

 chantee

 chantees

 ---------

 ----------

 Cas régime

 chantee

 chantees

 chantée

 chantées

 

Au XIVe s. les formes du participe présent perdent les catégories du genre et du nombre et deviennent invariables, tout comme le gérondif. En même temps ce dernier est de plus en plus souvent accompagné de la particule en.

 

3. Les valeurs et les emplois des formes verbales.

En moyen français se constitue en gros le système des valeurs et des temps du français moderne.

Les oppositions temporelles deviennent plus nettes, mais les anciens emplois persistent toujours. Les formes temporelles marquent soit une temporalité absolue, soit une temporalité relative, celle-ci en rapport avec le temps d’un autre verbe. Ainsi se constitue pas à pas le système des temps absolus et des temps relatifs et la concordance des temps dont les règles seront définitivement établies au XVIIe s.

 

Le présent de l’indicatif

Au XIVe s. le présent de l’indicatif perd sa valeur du passé et ne s’emploie plus dans les propositions au passé.

 

L’imparfait de l’indicatif

A partir du XIVe s. l’emploi de l’imparfait s’élargit aux dépens du passé simple qui perd certaines de ses valeurs propres désormais à l’imparfait. L’imparfait devient le temps descriptif par excellence.

 

Le passé simple et le passé composé de l’indicatif

Les valeurs du passé simple et du passé composé deviennent plus précises: si le premier exprime une action au passé et qui ne se rapporte pas au présent, le dernier exprime aussi une action passée mais dont les résultats se rapportent au présent. La différenciation des valeurs contribue à préciser la répartition des sphères d’emploi: le passé simple s’emploie désormais dans les textes écrits, tandis que le passé composé se rattache à l’oral.

 

Le subjonctif

En ancien français le subjonctif exprimait l’action éventuelle et s’employait dans les propositions hypothétiques. Peu à peu ce mode recule, aux XIVe – XVe ss. la période hypothétique de l’ancien français «se imparfait subjonctif – imparfait subjonctif» est remplacée de plus en plus souvent par «se imparfait indicatifconditionnel présent» pour devenir par la suite la forme essentielle de l’hypothèse.

Ainsi, le mode conditionnel se développe-t-il aux dépens du subjonctif.

 

Les temps surcomposés

Le XVe s. fournit les premiers exemples des temps surcomposés pour créer les formes de l’antériorité: «Et quand je l’ay eu trouvé… » (Cent Nouvelles Nouvelles). Il existe en moyen français trois temps surcomposés avec avoir : le passé surcomposé j’ai eu parlé, le plus-que-parfait surcomposé j’avais eu parlé et le futur surcomposé j’aurai eu parlé. Leur formation est due à l’usure du sens des temps composés dans lesquels la valeur de l’action accomplie (valeur du «parfait») s’efface peu à peu. L’apparition des temps surcomposés s’inscrit dans le cadre des tendances analytiques.

Les formes verbales surcomposées sont attestées dès le XIIIe s., en Bourgogne d’abord et puis elles se développent en moyen français. Les jugeant trop lourdes, la langue classique les rejette. Les temps surcomposés réaparaissent à l’époque moderne, surtout pour remplacer le passé antérieur, qui est éliminé de la langue parlée.

 

L’aspect

L’aspect bien que relégué au second plan par le temps est toujours exprimé par les formes temporelles.

En plus de deux périphrases avec les verbes estre et aller se rattachant au participe présent et au gérondif, le moyen français crée deux autres tours avec l’infinitif à l’aide des verbes aller et venir.

Aller + infinitif a un sens incohatif (начинательное), désignant le commencement de l’action: « … il lui va compter (начинает рассказывать) comment sa femme estoit». La valeur temporelle ne s’y ajoutera que plus tard, bien qu’elle se manifeste déjà à cette époque dans le langage parlé. 

Venir + infinitif marque l’achèvement de l’action. La valeur du passé récent lui est connue depuis le XIe s.

 

La voix

En ancien français cette catégorie grammaticale était exprimée par la conjugaison du verbe à la forme active et passive. A partir du XIIIe s. la langue utilise un nouveau procédé pour présenter la voix – la forme pronominale du verbe, qui devient très fréquente depuis le XVe s.

 

Questions ( * - questions demandant des reflexions)

 

I. Quelle est la principale tendance qui détermine l’évolution morphologique du moyen français?

 

1. Quelles sont les principales mutations morphologiques attestées dans le nom au moyen français?

Quels sont les facteurs qui ont contribué à la disparition du système casuel en français?

Pourquoi la langue a-t-elle privilégié les formes du cas régime ?

Pourquoi certaines formes du cas sujet ont-elles subsisté? Donnez des exemples.

 Ce n’est qu’au moyen français que la flexion -s devient la marque du pluriel. Pourquoi?

* Est-ce que la déclinaison a disparu simultanément partout en France?

* Où la déclinaison a-t-elle disparu plus tôt – dans la langue orale ou dans la langue écrite? Pourquoi?

 

2. Comment se fait le nivellement des formes casuelles?

 

II. 1. L’usage de l’article défini et indéfini s’étend-il au moyen français? Se rétrécit-il?

Quels sont les nouveaux types de mots que l’article défini accompagne?

Comment se dévoloppe la valeur généralisante de l’article defini?

 

2. L’article indéfini a-t-il acquis la valeur d’individualisation indéterminée?

Quel nouvel article se dévoloppe-t-il au moyen français?

 

3. Quelle est la nouvelle forme de l’article indéfini qui apparaît en moyen français?

 

III. 1. Quelles sont les principales tendances attestées dans l’adjectif en moyen français?

Comment la langue généralise-t-elle les formes de la catégorie du nombre?

 

2. Comment la langue généralise-t-elle les formes de la catégorie du genre?

* Pourquoi la langue tend-elle à éliminer les alternances?

 

3. * Pourquoi en moyen français le suffixe latin du superlatif réapparaît-il?

 

IV. 1. Qu’est-ce qui diffère les pronoms personnels du moyen français de ceux du français moderne ? de ceux de l’ancien français ?

 

2. Qu’est-ce qui diffère les pronoms possessifs du moyen français de ceux du français moderne ? de ceux de l’ancien français?

 

3. Qu’est-ce qui diffère les pronoms demonstratifs du moyen français de ceux du français moderne ? de ceux de l’ancien français?

Quelles sont les tendances principales attestées dans les pronoms en moyen français?

 

V. 1. Quelles sont les tendances principales attestées dans les verbes en moyen français?

Par quoi s’explique la généralisation de la désinece -e à la 1ère personne du singulier (1 er groupe) de l’indicatif?

Par quoi s’explique la généralisation de la désinece -e à la 1ère personne du singulier du subjonctif?

Par quoi s’explique la généralisation de la désinece -s à la 1ère personne du singulier (3 er groupe) de l’indicatif?

Comment sont régularisées les formes de l’imparfait?

Prouvez qu’après le nivellement des formes ainsi fait la conjugaison est devenue plus régulière, simple, unifiée, homogène.

 

2. Les formes non personnelles, avec quel français – ancien ou moderne – ont-elles plus de traits communs?

 

3. Quel est le nouveau groupe de temps qui apparaît en moyen français? Pourquoi apparaissent ces formes verbales? Quel modèle – synthétique ou analytique – la langue adopte-elle pour les former?

Comment s’exprime la voix depuis le moyen français?

 

 

Devoirs 

1. Définissez: le cas sujet (direct), le cas régime (indirect, oblique), niveler ( = refaire = régulariser, unifier), par analogie, une forme étymologique, une forme analogique, une alternance (de radical, de thème), une désidence ( = une flexion), un nom parisyllabique (imparisyllabique) 

2. Expliquez pourquoi les mots Jacques, Jules, Louis, Nicolas se terminent par -s? (voir I.1.) 

3. Est-ce que les mots copain – compagnon, gars – garçon sont étymologiquement différents? (voir I.1.) 

4. Etudiez les schémas représentant les modèles de la régularisation des formes en moyen francais. Exliquez d’après quel modèle la régularisation se fait (voir I. 2).

Ancien français

Sing.                                     Plur.

C. S.                  conseius < (conseils)      conseil

C. R.         conseil                          conseius > conseils

                     ↓                                ↑

                          →→  →      →     

Moyen français, français moderne:

C. R.         conseil                          conseils

 

5. Etudiez les schémas représentant les modèles de la régularisation des formes en moyen francais. Exliquez d’après quel modèle la régularisation se fait (voir I. 2).

Ancien français

Sing.                            Plur.

C. R.         chevel                            cheveus

                 genol                             genous

                          ↑                         

                                    ←      ←   

Moyen français, français moderne:

Sing.                                     Plur.

                 cheveu                          cheveux

                 genou                            genoux

 

6. Comparez l’emploi de l’article défini en moyen français et en français moderne. Consultez les grammaires de langue française moderne et remplissez la grille (voir II.1.): 

Moyen français

Français moderne

Emplois

Exemples

Emplois

Exemples

 Devant les noms concrets

 

 

 

 Devant les noms abstraits

 

 

 

 Devant les noms de peuples

 

 

 

 Devant les noms de provinces

 

 

 

 Devant les compléments

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

7. Comparez l’emploi de l’article indéfini en moyen français et en français moderne. Consultez les grammaires de langue française moderne et remplissez la grille (voir II.2.): 

Moyen français

Français moderne

Emplois

Exemples

Emplois

Exemples

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

8. Expliquez pourquoi en français moderne l’article n’est pas employé dans les expressions suivantes: avoir faim, avoir honte; Noblesse oblige; Chien qui aboie ne mord pas. (voir II.I.). Citez vos exemples. 

9. Expliquez pourquoi dans les groupes de mots suivants les adjectifs ne s’accordent pas avec les noms auxquels ils se rapportent: grand-peur, pas grand-chose, grand-ville, grand-place, grand-merci, Rochefort, elle se fait fort de... (voir III.1). 

10. Expliquez quelles lois phonétiques ont fait naître les formes différant au masculin et au féminin contribuant ainsi à la diversité morphologique (voir III.1). 

 Masculin

 Féminin

 lonc

 longe

 vif

 vive

 blanc

 blanche

 larg

 large

 

11. Expliquez d’après quel modèle (quel genre) les formes suivantes ont été régularisées: lonc /longe, juz / juste.(voir III.1). 

12. Pourquoi en français moderne les adjectifs en -que sont tantôt variables (public / publique) tantôt invariables (économique / économique) en genre? (voir III. 1) 

13. Le langage populaire d’aujourd’hui tend à laisser les adjectifs invariables quant au genre: une boisson sec, ma veste est sec. Pouvez-vous expliquez cette tendance ? La langue n’a-t-elle pas déjà marqué le féminin avec un autre indice morphologique? 

14. En moyen français quantité de formes en -isme ont inondé la langue: bonisme, grandisme, etc. D’où vient ce suffixe? Quelle est sa valeur? Pourquoi surgit-il en moyen français? (voir III. 3) 
15. Etudiez le schéma de la régularisation du verbe pleurer en moyen français.
Ancien français                                        Moyen français

Plourèr                                  ®              Pleurèr

(je) plèure (nos) plouròns                ®­®         je plèure               nous plèurons

(tu) plèures        (vos) plourèz                  ­       tu plèures   vous plèurez

(il) plèuret (il) plèurent ®      ­       il plèuret               ils plèurent

Expliquez 1) à quel phénomène phonétique est due l’alternance; 2) quelle forme du radical – tonique ou atone – la langue a choisi pour régulariser ce verbe.

 

Les travaux dirigés