L’Ancien français: Les changements morphologiques
L’objectif d’étude
Apprendre les particularités morphologiques de l’ancien français
L’apprenant doit savoir donner la définition des termes suivants:
La déclinaison, la conjugaison, un cas (cas sujet = cas nominatif, cas régime = cas oblique), l’analytisme (forme analytique), le synthétisme (forme synthétique), l’étymologie (forme étymologique), l’analogie, l’alternance, le radical, la refaite (= le nivellement = la régularisation)
L’apprenant doit savoir:
Les principaux changements morphologiques survenus dans le nom, l’article, l’adjectif, les pronoms, le verbe
Les traits particuliers de la morphologie de l’ancien français
Les principales tendances morphologiques
L’apprenant doit savoir faire:
Analyser les changements morphologiques attestés en ancien français
Expliquer les causes des transformations survenues en ancien français
Déterminer les causes de la dégradation du système casuel en ancien français
Analyser les causes de la conservation des formes casuelles régimes au détriment de celles du cas sujet; en expliquer les exceptions
Préciser les origines de l’article (défini et indéfini) et ses valeurs en ancien français
Expliquer les causes du nivellement des formes verbales en ancien français
Présenter les principales voies du nivellement des formes verbales en ancien français
Trouver les processus phonétiques qui sont à l’origine des changements morphologiques
Etablir les relations structurales entre les changements tenant compte de leur caractère systhématique
Montrer avec des exemples la tendance à la refaite analogique des formes grammaticales
Plan
I. Le nom.
1. La catégorie du genre.
2. La catégorie du cas et du nombre.
3. Les causes de la dégradation du système casuel en ancien français.
4. L’influence des changements phonétiques sur l’évolution des formes casuelles.
II. L’article.
1. Les origines et les formes de l’article.
2. Les valeurs de l’article.
III. L’adjectif.
IV. Les pronoms.
1. Les pronoms personnels.
2. Les pronoms possessifs.
3. Les pronoms démonstratifs.
V. Le verbe.
1. Les formes non personnelles du verbes.
2. Les formes personnelles du verbes.
3. Les temps et les modes. La voix.
4. L’alternance des radicaux.
VI. L’adverbe.
L’ancien français reste une langue synthétique par excellence, tout comme la langue dont il est issu – le latin. Mais les fortes tendances analytiques qui se sont manifestées en latin vulgaire et allait se renforçant en gallo-roman l’amènent à transformer ses formes grammaticales d’après les modèles analytiques. Cette transformation formelle entraîne à son tour le développement progressif de nouvelles catégories grammaticales et la perte des anciennes valeurs grammaticales.
I. Le nom.
Le nom en ancien français possède trois catégories grammmaticales – la catégorie du genre, du nombre et du cas; la nouvelle catégorie grammaticale de la détermination / indétermination est en train de se former.
Les principaux changements survenus en ancien français sont les suivants:
– la dégradation continue du système casuel;
– une forte tendance à la reconstruction analogique.
1. La catégorie du genre.
La catégorie du genre se manifeste généralement par l’opposition des formes casuelles du masculin et du féminin. Cependant, étant donné que le système casuel se dégrade et tend à disparaître (rappelons que les féminins de la I declinaison ne se délclinent plus depuis de latin vulgaire), le genre s’exprime de plus en plus souvent à l’aide de la flexion -e: cousin / cousine, etc.
Les noms communs animés possèdent des formes différentes: mère / père, soeur / frère.
2. Les catégories du cas et du nombre.
Le cas
En ancien français il y a quatre formes casuelles: les formes du nominatif (cas sujet singulier / pluriel) et celles du cas oblique (cas régime singulier / pluriel).
Le paradigme de la déclinaison des noms en ancien français se réduit à trois types étymologiques.
Les m a s c u l i n s
A. Le type murs (dit croisé)
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet (nominatif) |
murs |
mur |
Cas régime (oblique) |
mur |
murs |
B. Le type pere (dit angulaire)
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet (nominatif) |
arbre |
arbre |
Cas régime (oblique) |
arbre |
arbres |
C. Le type ber
(les noms i m p a r i s y l l a b i q u e s)
(неравносложные)
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet (nominatif) |
sire |
segneur |
Cas régime (oblique) |
segneur |
segneurs |
Les f é m i n i n s
- A. Le type rose
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet (nominatif) |
rose |
roses |
Cas régime (oblique) |
rose |
roses |
B. Le type flour(s)
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet (nominatif) |
flour |
flours |
Cas régime (oblique) |
flour |
flours |
C. Le type suer
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet (nominatif) |
suer |
serour |
Cas régime (oblique) |
serour |
serours |
Le nombre
En ancien français la flexion -s n’est pas encore une marque du pluriel, au moins, pour les noms du masculin. Cela se voit sur la déclinaison des masculins du premier type:
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet (nominatif) |
chiens |
chien |
Cas régime (oblique) |
chien |
chiens |
Dans la forme chiens la désinence -speut marquer le singulier aussi bien que le pluriel.
Ce n’est qu’en moyen français que la catégorie du nombre sera représentée dans l’opposition privative des formes du singulier et du pluriel: si le singulier est exprimé par l’absence de -s, le pluriel est marqué par la présence de -s.
3. Les causes de la dégradation du système casuel en ancien français.
Les manuscrits de l’époque témoignent d’une forte tendance à refaire (à niveler, à régulariser) les formes casuelles. Ces textes font voir de nombreuses fluctuations de la langue quant au modèle de déclinaison à choisir. Le schéma ci-dessous représente ces fluctuations.
II type: pere
Cas sujet |
1. pere |
pere |
2. pere |
peres |
3. peres |
pere |
Cas régime |
pere |
peres |
pere |
peres |
pere |
peres |
La loi d’analogie unifie dès le XIIe s. tout le système de la déclinaison des masculins en ancien français d’après le type murs.
C’est dans l’anglo-normand que la déclinaison disparaît d’abord. Eteinte dans la langue littéraire, la déclinaison vit encore de nos jours dans quelques patois franco-provençaux.
Les causes de la dégradation du système casuel en ancien français
A. Le nombre minimal de moyens flexionnels: en ancien français il n’y a qu’une seule opposition casuelle: flexion -s / flexion zéro.
B. L’imperfection du système casuel: il n’embrasse pas tous les noms (par ex., les féminins ne se déclinaient pas depuis le latin vulgaire). Pendant un certain temps cette imperfection est équilibrée par la déclinaison des articles, ainsi les noms masculins se déclinaient «de deux côtés»: mutation flexionnelle du nom et mutation de l’article masculin.
Par exemple, la seule forme murs sert à exprimer deux séries de valeurs: 1. C. S. singulier et 2. C. R. pluriel. Pour distinguer ces deux formes et ces deux séries de valeurs la langue recourt aux formes casuelles de l’article:
|
Singulier |
Pluriel |
Cas sujet |
li murs |
|
Cas régime |
|
les murs |
C. Une double expression flexionnelle de la déclinaison devient un moyen redondant (excessif) quand s’impose une stabilité quoique relative dans l’ordre des mots «sujet – verbe – objet» et l’emploi régulier des prépositions à et de.
D. La flexion -s est surchargée de catégories grammaticales, parce qu’elle assume à la fois les fonctions casuelles et celles de la catégorie du nombre. Au surplus, en tant que marque casuelle, -s possède des valeurs opposées, indiquant au singulier le cas sujet, au pluriel – le cas régime.
En abandonnant la déclinaison la langue a priviligié les formes du cas régime qui se sont gardées jusqu’à nos jours. Cela est dû au fait que dans le discours les formes du cas oblique, s’emploient plus souvent que les formes du cas sujet.
Une exception a lieu, pour un nombre restreint de substantifs, qui se conservent sous la forme du cas sujet. Ce sont les noms tels que Charles, Georges, où l’-s casuel s’est fixé, de même que les noms communs: fils, gars, soeur, sire, etc.
4. L’influence des changements phonétiques sur l’évolution des formes casuelles.
L’évolution des groupes consonantiques (la transformation ou la disparition de la première consonne dans le groupe consonantique) a changé l’aspect phonétique de certaines formes casuelles ayant amené certaines mutations dans la déclinaison des substantifs.
A. La vocalisation de l devant la consonne flexionnelle -s change l’aspect phonétique des formes casuelles:
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet (nominatif) |
genols Þ genous |
genol |
Cas régime (oblique) |
genol |
genols Þ genous |
Suivant la loi de l’économiela langue tend à éliminer les formes excessives (redondantes), à diminuer leur nombre: de deux formes genol / genous la langue ne garde qu’une. Ainsi, l’ancien français tend à régulariser les formes casuelles et plus tard – à les généraliser d’après une forme.
B. Devant le -s flexionnel la consonne du radical s’amuït, ce qui est conforme à la loi de la réduction des groupes consonantiques:
Buef (boeuf) < bove (lat.)
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet (nominatif) |
bue(f↓)s = bues > [bø] MF |
buef > [boef] |
Cas régime (oblique) |
buef > [boef] |
bue(f↓)s = bues > [bø] MF |
Dans la forme du cas régime singulier la consonne f se prononce, dans le cas régime pluriel en ancien français la consonne f a disparu de la prononciation car elle est le premier élément du groupe consonantique. Cette ancienne prononciation (sans f) s’est conservée jusqu’à nos jours, mais dans l’orthographe la lettre f a été réintroduite en moyen français par les grammairiens (suivant le principe morphologique). Mais la prononciation n’a pas accepté cette lettre. Donc, le pluriel du mot boeufs est prononcé à la façon de l’ancien français, tandis que l’écriture de cette forme est quelque peu modernisé (morphologisée).
II. L’article.
1. Les origines et les formes de l’article.
On trouve dans les anciens textes l’article défini et l’article indéfini. L’article défini remonte au pronom démonstratif ille, et l’indéfini – au numéral unus.
L’article défini garde longtemps le sens démonstratif et déterminatif, l’article indéfini s’emploie le plus souvent dans sa valeur numérique.
Par ses formes casuelles, l’article sert à préciser l’opposition entre le sujet et le régime, entre le singulier et le pluriel des noms.
|
Singulier |
Pluriel |
Cas sujet |
li murs |
|
Cas régime |
|
les murs |
Les formes casuelles des articles
|
L’article défini |
L’article indéfini |
||
|
Sing. |
Plur. |
Sing. |
Plur. |
|
Masculin |
Masculin |
||
Cas sujet |
li |
li |
uns |
un |
Cas régime |
lo, le |
los, les |
un |
des (uns) |
|
Féminin |
Féminin |
||
|
la |
les |
une |
des (unes) |
Les formes élidées: l’homme, l’almaçor, mais aussi le empereres Carles.
Les formes contractées sont formées de l’article défini avec les prépositions a, de, en: li marquis al Cort Nes; dou cuer; el premier chef.
Les formes contractées des articles en ancien français
Singulier |
Pluriel |
a + le = al, au |
a + les = as, aus, aux |
de + le = del, du, dou, du |
de + les = des (au lieu de dels) |
en + le = enl, el, eu, ou, u |
en + les = es (au lieu de els) |
Les formes contractées avec en disparaissent de la langue courante aux XVe – XVIe ss. On en trouve les restes dans le type ès-lettres, ès-sciences.
L’article partitif en ancien français n’est pas encore en usage. Ses formes du, de la, des seront employées à partir du XIIIe s., mais avant la valeur de la partitivité est exprimée à l’aide de la préposition de (mangier de pain) ou bien de de et le (mangier del pain), ou bien par l’article zéro (mangier pain).
2. Les valeurs de l’article.
L’article défini garde longtemps sa valeur primitive de d é m o n s t r a t i f, la valeur a n a p h o r i q u e, la valeur p o s s e s s i v e, la valeur d é t e r m i n a t i v e.
L’article défini ne s’emploie pas devant les noms abstraits, les noms propres de personnes, les noms d’objets uniques, les noms d’un usage fréquent (les noms d’objets familiers) comme maison, cour, messe.
En ancien français l’article indéfini ne s’emploie pas aussi largement qu’en français moderne; il n’a que trois valeurs: n u m é r i q u e, i n d i v i d u a l i s a n te, d é t e r m i n a t i ve.
La flexion et l’article constituent, en ancien français, une double détermination du nom. C’est à partir du XIIIe s. que l’article accompagne presque régulièrement le nom. Et ce n’est qu’à partir de ce temps-là que la nouvelle catégorie grammaticale du nom, celle de la détermination / indétermination s’est formée.
III. L’adjectif.
La forme de l’adjectif exprime les catégories grammaticales du genre, du nombre, du cas et des degrés de comparaison.
Quant à la catégorie du genre tous les adjectifs se divisent en deux grands groupes:
A. Les adjectifs qui ont deux genres: bon / bone, cler / clere, etc.
|
Masculin |
Féminin |
||
|
Sing. |
Plur. |
Sing. |
Plur. |
Cas sujet |
bons |
bon |
bone |
bones |
Cas régime |
bon |
bons |
bone |
bones |
B. Les adjectifs qui n’ont qu’une forme pour les deux genres: grant, tendre, etc.
|
Masculin |
Féminin |
||
|
Sing. |
Plur. |
Sing. |
Plur. |
Cas sujet |
granz* |
grant |
grant |
granz |
Cas régime |
grant |
granz |
grant |
granz |
* z = t + s
L’ancienne forme du féminin – grant, fort, subsiste dans quelques noms composés et noms propres formés en ancien français: grand-route, grand-mère, Rochefort.
Les survivances de l’ancienne formation des adverbes à partir des adjectifs verbaux invariables en ancien français subsistent en français moderne – constamment, prudemment.
Les radicaux de certains adjectifs subissent des alternances dues aux changements phonétiques:
– à la réduction des groupes consonantiques:
|
Sing. |
Plur. |
Sing. |
Plur. |
Cas sujet |
se(c¯)s = ses |
sec |
vi(f¯)s = vis |
vif |
Cas régime |
sec |
se(c¯)s = ses |
vif |
vi(f¯)s = vis |
– à la vocalisation de l devant consonne:
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet |
beaus |
bel |
Cas régime |
bel |
beaus |
L’opposition différencielle de radicaux caractérise également la valeur grammaticale du genre:
Masculin |
Féminin |
blancu > blanc |
blanca > blanche |
longu > long (> lonc) |
longa > longe |
vivu > vif |
viva > vive |
Les degrés de comparaison des adjectifs
Le comparatif et le superlatif se forment à l’aide des moyens analytiques – les adverbes plus, moins, aussi. L’emploi de l’article défini au superlatif ne s’étant pas encore généralisé, les formes des deux degrés peuvent coïncider.
Il subsiste quelques formes synthétiques du comparatif latin comportant le suffixe -our: bellezour < bellatiore, forzour < fortiore, etc. Mais la langue les a éliminées peu à peu en faveur de la construction analytique, exepté quelques rares formes supplétives: meillor > meilleur, meindre > moindre.
IV. Les pronoms.
Tous les pronoms français sont d’origine latine. Etant donné leur fréquence exceptionnelle dans le discours ils se sont conservés dans leurs formes les plus archaïques.
Les caractéristiques propres à tous les pronoms sont les suivantes:
– tous les pronoms sont déclinables, il y en a même ceux qui possèdent trois cas;
– plusieurs pronoms ont gardé le genre neutre;
– la plupart des pronoms ont deux séries de formes: toniques et atones.
1. Pronoms personnels.
|
|
Ton. |
At. |
Ton. |
At. |
Ton. |
At. |
Ton. |
At. |
Sing. |
Cas sujet |
je |
je |
tu |
tu |
il |
il |
ele |
ele |
|
Cas datif |
--- |
--- |
--- |
--- |
lui |
li |
li |
li |
|
Cas oblique |
mei |
me |
tei |
te |
lui |
le |
li |
la |
Plur. |
Cas sujet |
nos |
nos |
vos |
vos |
il |
il |
eles |
eles |
|
Cas datif |
--- |
--- |
--- |
--- |
leur |
lor |
leur |
lor |
|
Cas oblique |
nos |
nos |
vos |
vos |
eus |
les |
eles |
les |
Les pronoms personnels proclitiques sont sujets à la soudure avec les pronoms toniques, les conjonctions, la particule négative: jel < jo le, sel < si, se le, nel < ne le, etc.
Etant donné que la flexion verbale s’affaiblit progressivement, les pronoms personnels s’emploient de plus en plus fréquemment pour remplacer la flexion et remplir la fonction syntaxique.
2. Pronoms possessifs.
Masculin |
||||||||
|
|
Ton. |
At. |
Ton. |
At. |
Ton. |
At. |
|
Sing. |
Cas sujet |
miens |
mes |
tuens¹ |
tes |
suens |
ses |
|
|
Cas oblique |
mien |
mon |
tuen |
ton |
suen |
son |
|
Plur. |
Cas sujet |
mien |
mi |
tuen |
ti |
suen |
si |
|
|
Cas oblique |
miens |
mes |
tuens |
tes |
suens |
ses |
|
Féminin |
||||||||
|
|
Ton. |
At. |
Ton. |
At. |
Ton. |
At. |
|
Sing. |
Cas sujet |
meie ² |
ma |
toue |
ta |
soue |
sa |
|
|
Cas oblique |
-²- |
-²- |
-²- |
-²- |
-²- |
-²- |
|
Plur. |
Cas sujet |
meies |
mes |
toues |
tes |
soues |
ses |
|
|
Cas oblique |
-²- |
-²- |
-²- |
-²- |
-²- |
-²- |
|
¹ A la fin du XIIe s. les formes tuen(s) et suen(s) sont refaites par analogie avec mien(s): tuen(s) > tien(s), suen(s) > sien(s).
²A la fin du XIIIs. la formedu féminin meie se conforme au même modèle: meie > mien(s).
Masculin |
Féminin |
||||||||
|
|
Ton. |
At. |
Ton. |
At. |
Ton. |
At. |
Ton. |
At. |
Sing |
Cas sujet |
nostre |
--- |
vostre |
--- |
nostre |
--- |
vostre |
--- |
|
Cas oblique |
nostre |
--- |
vostre |
--- |
-²- |
--- |
-²- |
--- |
Plur |
Cas sujet |
nostre |
--- |
vostre |
--- |
nostres |
noz |
vostres |
voz |
|
Cas oblique |
nostres |
noz |
vostres |
voz |
-²- |
-²- |
-²- |
-²- |
Pour marquer la troisième personne du pluriel on emploie une forme invariable leur.
L’opposition fonctionnelle entre les formes toniques et atones n’est pas encore aussi nette en ancien français qu’elle l’est en français moderne. Cependant les formes atones se sont déjà spécialisées en emploi adjectival et se trouvent toujours en préposition au substantif, qui se passe, en ces circonstances, d’article.
Les formes toniques, par contre, accomplissent les deux fonctions, adjectivale et pronominale. A la différence des formes atones, les formes toniques s’emploient adjectivement avec un nom pourvu d’un article ou d’un autre pronom: li toens parentez; par ceste meie barbe.
3. Pronoms démonstratifs.
En ancien français il existe trois groupes de démonstratifs:
cil, cele – тот, та;
cist, ceste – этот, эта.
ce – это.
Une série des démonstratifs toniques est composée de formes avec l’i- initial: icil, icist.
|
|
Masc. |
Fém. |
Masc. |
Fém. |
Sing. |
Cas sujet |
cil |
cele |
cist |
ceste |
|
Cas datif |
celui |
celi |
cestui |
cesti |
|
Cas oblique |
cel |
cele |
cest |
ceste |
Plur. |
Cas sujet |
cil |
celes |
cist |
cestes |
|
Cas datif |
--- |
--- |
--- |
--- |
|
Cas oblique |
ceus |
celes |
cez |
cez |
Le démonstratif ce neutre est invariable.
Les formes cil et cist, depuis la fin du XIIe s. sont renforcées par une marque adverbiale ci / la.
Les deux formes fonctionnent à la fois comme pronom et comme adjectif: ceste foiz voisine avec cele foiz. Cependant, la forme cist est beaucoup plus fréquente dans la fonction adjectivale, tandis que pour cil les deux fonctions sont également familières.
V. Le verbe.
Le verbe conserve mieux que le nom son caractère synthétique.
1. Les formes non personnelles du verbe.
Les formes non personnelles du verbe en ancien français sont présentées par la forme adjectivale (p a r t i c i p e), nominale (i n f i n i t i f) et adverbiale (g é r o n d i f).
L’infinitif
Les infinitifs en ancien français se répartissent en trois groupes tout comme en français moderne:
I er groupe – les verbes en -er, -ier: porter, mangier, etc.;
II ième groupe – les verbes en -ir: finir, etc.;
III ième groupe – les verbes en -eir (> oir), -re: deveir, rendre, venir, etc.
La forme de l’infinitif passé est analytique: aveir dit.
Le participe présent
En ancien français le participe présent est une forme variable du verbe, à la différence du français moderne où il reste toujours invariable. Cette forme non personnelle a les mêmes catégories (le nombre et le cas) et les mêmes fonctions que les adjectifs du deuxième groupe (invariables en genre), par ex.:
Amant
|
Masculin |
Féminin |
||
|
Sing. |
Plur. |
Sing. |
Plur. |
Cas sujet |
amanz |
amant |
amant |
amanz |
Cas régime |
amant |
amanz |
amant |
amanz |
En tant que forme verbale, il se construit avec le verbe estre et traduit la durée: cette périphrase marque une action simultanée à une autre et qui dure (cf. en anglais Continuous).
Le participe passé
En ancien français le participe passé se décline comme les adjectifs du premier type (à deux genres), par ex.:
Ame
|
Masculin |
|
|
Sing. |
Plur. |
Cas sujet |
amez |
ame |
Cas régime |
ame |
amez |
Se combinant avec le verbe estre, le participe passé fait partie des formes analytiques de la voix passive, et avec les verbes aveir et estre il forme les temps composés.
Le gérondif
A la différence du participe passé qui possède la même désinence, le gérondif est une forme verbale invariable.
Il se combine avec le verbe aler, et la construction ainsi faite traduit la durée et la progression de l’action.
2. Les formes personnelles du verbe.
Le verbe possède, en ancien français, des formes s i m p l e s (synthétiques) qui sont le plus souvent étymologiques (latines) et des formes c o m p o s é e s (analytiques) romanes qui expriment les catégories grammaticales de la personne, du nombre, du temps, du mode, de la voix et de l’aspect.
Les catégories du nombre et de la personne sont exprimées par un système de flexions et en partie par des pronoms sujets.
Les formes synthétiques du verbe
L e p r é s e n t d e l’i n d i c a t i f
Les formes du présent sont régulières, provenant des formes latines. L’origine de la flexion -ons reste obscure.
1 er groupe |
2 e groupe |
3 e groupe |
||
chant - |
fini - s |
vei - |
vent - |
dorm - |
chant - e - s |
fini - s |
vei - s |
ven - z (t+s) |
dor(m¯) - s |
chant - e - t |
finis - t |
vei - t |
ven - t |
dor (m¯) - t |
chant - ons |
finiss - ons |
ve - ons |
vend - ons |
dorm - ons |
chant - ez |
finiss - ez |
ve - ez |
vend - ez |
dorm - ez |
chant - ent |
finiss - ent |
vei - ent |
vend - ent |
dorm - ent |
L’ i m p a r f a i t d e l’i n d i c a t i f
Amer |
Finir |
Deveir |
am - o(u)e |
finiss - eie |
dev - eie |
am - o(u)es |
finiss - eies |
dev - eies |
am - o(u)t |
finiss - eit |
dev - eit |
am - ions |
finiss - ions |
dev - ions |
am - iez |
finiss - iez |
dev - iez |
am - o(u)ent |
finiss - eient |
dev - eient |
Depuis le XIIe s. les verbes du 1 er groupe remplacent les désinences o(u)e, o(u)es, o(u)et par en -eie, -eies, -eit par analogie avec les verbes du 2 ème et du 3 ème groupes. Ainsi, la conjugaison à l’imparfait devient-elle plus régulière, unifiée et simple.
L e p a s s é s i m p l e
Ce temps en ancien français présente un système de formes très complexe qui toutefois peuvent être réparties en deux groupes: le premier est constitué de verbes dont la flexion est toujours accentuée (les verbes sans alternance); le deuxième est constitué de verbes portant l’accent tantôt sur la flexion, tantôt sur le radical, donc sujets à l’alternance.
Les verbes sans alternance des radicaux
Chanter |
Dormir |
Valeir |
chant - ài |
dorm - ì |
val - ùi |
chant - às |
dorm - ìs |
val - ùs |
chant - à(t) |
dorm - ì(t) |
val - ù(t) |
chant - àmes |
dorm - ìmes |
val - ùmes |
chant - àstes |
dorm - ìstes |
val - ùstes |
chant - èrent |
dorm - ìrent |
val - ùrent |
Les verbes à l’alternance des radicaux
Veeir |
Venir |
Metre |
vì - |
vìn - |
mìs |
ve - ìs |
ven - ìs |
mes - ìs |
vì-t |
vìn - t |
mìs - t |
ve - ìmes |
ven - ìmes |
mes - ìmes |
ve - ìstes |
ven - ìstes |
mes - ìstes |
vì - rent |
vìn - (d)rent |
mìs - (t)rent |
L e f u t u r e t l e f u t u r d a n s l e p a s s é
(L e c o n d i t i o n n e l p r é s e n t)
La formation de ces deux temps est régulière, remontant aux costructions périphrastiques du latin vulgaire avec le verbe habere: cantare + ha(b)eo > cantaraio > chanterai. La forme du futur dans le passé (Conditionnel présent): infinitif + flexion de l’imparfait.
L e s u b j o n t i f p r é s e n t e t i m p a r f a i t
Le présent du subjontif remonte à praesens conjunctivi et l’imparfait du subjonctif – à Plusquamperfectum conjunctivi.
Présent du subjonctif |
Imparfait du subjonctif |
||
Chanter |
Dormir |
Deveir |
Chanter |
chànt - |
dòrm - e |
dèiv - e |
chant - àsse |
chàn - z (z=t+s) |
dòrm - es |
dèiv - es |
chant - àsses |
chànt - |
dòrm - et |
dèiv - et |
chant - àst |
chant - òns |
dorm - òns |
dev - òns |
chant - issòns |
chant - èz |
dorm - èz |
dev - èz |
chant - issièz |
chànt - ent |
dòrm - ent |
dèiv - ent |
chant - àssent |
Les radicaux de verbes au présent du subjonctif sont sujets à l’alternance. Ce n’est pas le cas de l’imparfait du subjonctif, vu que toutes ses formes portent l’accent sur la flexion.
Les formes analytiques du verbe
La forme analytique du verbe en ancien français est composée de la forme non personnelle du verbe qui exprime l’action et des formes personnelles du verbe auxiliaire qui caractérisent grammaticalement l’action. A l’aide des auxiliaires aveir et estre sont formés le passé composé, le passé antérieur, le plus-que-parfait, le futur antérieur de l’indicatif, le passé et le plus-que-parfait du subjonctif et le passé conditionnel.
En ancien français les formes composées sont en voie de grammaticalisation, parce que les éléments de ces formes sont placés encore librement dans la phrase. En plus, l’ancien français connaît maints flottements dans le choix des verbes auxiliaires: très souvent aveir est concurrencé par estre.
L’ancien français connaît quatre constructions analytiques verbales.
A. Auxiliaire+Participe Passé: aveir ou estre + P. P.
Les verbes auxiliaires traduisent l’idée de l’état et non de l’action. Le participe passé exprime l’achèvement de l’action.
B. Auxiliaire + Participe Présent.
Le verbe auxiliaire estre et le participe présent traduisent l’idée de l’état. La construction marque l’action qui est en train de s’accomplir.
C. Auxiliaire + Infinitif.
Avec l’infinitif s’emploient:
– les verbes aveir et estre; la construction traduit l’idée de l’obligation ou du futur;
– les verbes modaux deveir, pooir, voleir; la construction traduit l’idée de l’obligation;
– les verbes factitifs faire, laisser; la signification essentielle de cette construction est d’exprimer la valeur de la voix factitive.
D. Auxiliaire + Gérondif.
Dans cette construction est employé le verbe aler comme auxiliaire; la valeur essentielle de cette périphrase est d’exprimer l’action avec une certaine intensité. Cette tournure est très fréquente en ancien français.
3. Les temps et les modes. La voix.
Le verbe a quatre modes (indicatif, subjonctif, impératif et conditionnel) dont chacun comporte plusieurs formes temporelles, excepté l’impératif. Il est à noter que le conditionnel est un apport roman.
L’indicatif possède huit temps dont quatre sont des formes simples (présent, imparfait, passé simple, futur simple) et les autres – des formes composées (passé composé, plus-que-parfait, passé antérieur, futur antérieur). Le subjonctif a deux formes simples (présent, imparfait) et deux fromes composées (passé, plus-que-parfait). Le conditionnel n’a que deux formes: celle du présent (forme synthétique) et celle du passé (forme analytique).
La voix comprend quatre séries: l’actif, le passif, le réfléchi et le factitif.
La catégorie de l’aspect ne présente pas d’oppositions nettes en ancien français. La plupart des savants estiment que cette catégorie est exprimée par des formes temporelles composées et des tours périphrastiques.
En ancien français les rapports temporels sont peu différenciés; ce n’est qu’en français moyen que les valeurs des formes temporelles se préciseront. Le système des temps absolus et des temps relatifs ne s’est pas encore constitué, la concordance des temps n’est pas observée.
Au XIIIe s. les valeurs des temps subissent des changements ce qui rapproche leur usage du français moderne.
Le présent de l’indicatif
En ancien français le présent exprime l’action soit au plan du présent, soit au plan du futur et même au plan du passé. Une large valeur sémantique permet au présent de l’indicatif d’être employé à côté du passé simple et du passé composé dans la proposition pour exprimer une action au passé: «le présent historique», lui, est courant dès les chansons de geste les plus anciennes, il y alterne avec le passé simple. En français moderne cet emploi correspond au présent historique empreigné de nuances stylistiques.
Le passé simple et le passé composé de l’indicatif
Comme temps du passé, leprésent, l’imparfait et le passé simple de l’indicatif côtoient dans les textes narratifs et descriptifs rédigées en ancien français.En ancien français, le passé simple (ou parfait) est le plus utilisé dans le récit d’événements passés, l’imparfait étant alors assez rare. Ainsi, le passé simple est-il le temps normal des descriptions, là où le français classique et moderne emploira l’imparfait. Cette possibilité d’alternance dans la même phrase persiste jusqu’au XVIIe s.
Dans les textes narratifs et descriptifs, à l’écrit, le passé simple domine donc de beaucoup le français moderne.
Les valeurs du passé simple et du passé composé alternent. Mais une tendance nette se dessine tout de même à la fin de la période étudiée: le premier exprime une action au passé et qui ne se rapporte pas au présent, le dernier exprime aussi une action passée mais dont les résultats se rapportent au présent. Toutefois, le passé simple est tout à fait courant dans le dialogue, en discours direct jusqu’au XVII e s. Aussi le passé simple s’emploie-t-il dans les textes écrits plus souvent, tandis que le passé composé se rattache à l’oral.
Dans les subordonnées temporelles dès l’ancien français jusqu’au XVIIe s. on trouve couramment le passé simple ou le passé antérieur, après comme en particulier.
L’imparfait de l’indicatif
En ancien français c’est une forme verbale peu employée du fait que le passé simple et le passé composé peuvent marquer un état, une action qui dure, qui se répète, une simultanéité par rapport à une autre action. L’imparfait aussi bien que le plus-que-parfait est rare dans les textes avant la fin du XIIe s., son emploi s’étend à partir du XIIe s.
Le subjonctif
Dans les textes de l’ancien français les rapports modaux prédominent, les rapports temporels étant moins fréquents. Par conséquent, le subjonctif s’emploie largement – dans les propositions subordonnées et indépendantes; il exprime le désir, la prière, l’incertitude, la condition, la volonté, etc.
En plus le subjonctif s’emploie dans les propositions hypothétiques où il exprime l’action éventuelle: «se imparfait subjonctif – imparfait subjonctif», mais il y récule progressivement.
La voix
En ancien français cette catégorie grammaticale est exprimée par la conjugaison du verbe à la forme active et passive.
4. L’alternance des radicaux.
Le système verbal de l’ancien français est riche en formes alternées qui se sont formées à la suite de modifications phonétiques.
Par exemple, la diphtongaison spontanée est à l’origine d’une grande multiplicité de radicaux dans les verbes dont le radical forme une syllabe ouverte comportant les voyelles a, o, e. Si l’accent frappe cette voyelle, elle se diphtongue, si l’accent tombe sur la flexion, la voyelle du radical reste intacte et ne change pas.
Présent de l’Indicatif |
||
Amer |
Tenir |
Deveir |
aim |
tièn |
dèi |
àim - es |
tièn - s |
dèi(v) - s |
àim - e(t) |
tièn - t |
dèi(v) - t |
am - òns |
ten - òns |
dev - òns |
am - èz |
ten - èz |
dev - èz |
àim - ent |
tièn - ent |
dèiv - ent |
La particularité de l’ancien français consiste à ce que l’alternance frappe non seulement les verbes du 3 e groupe, mais aussi ceux du 1 er groupe.
Ainsi la structure morphologique du verbe perd sa netteté et présente une grande variété de formes parfois vides de sens.
N’ayant aucune valeur morphologique l’alternance sera bientôt éliminée dans les verbes du 1 er groupe. Les verbes du 3 e groupe en ont gardé les vestiges jusqu’à nos jours.
VI. L’adverbe.
D’après la formation, les adverbes de l’ancien français se répartissent en trois groupes:
– les adverbes en -ment;
– les advebres en -s;
– les adverbes sans terminaison spéciale.
A. Les adverbes en -ment qui se sont formés en latin populaire sont très nombreux en ancien français.
B. Les adverbes en -s: en ancien français l’sadverbial se joint à quantité d’adverbes en -e qui étymologiquement n’en avaient pas: sans < sine + s, tandis < tamdiu + s, guères < francique *waigaro + s, etc.
C. Les adverbes sans terminaison spéciale sont en majorité d’origine française: amont, desoremais, encor, touzjours, avant, etc.
Les locutions adverbiales du type a chevauchons, a genouillons, a tatons sont très usitées en ancien français.
Les degrés de comparaison des adverbes se forment en ancien français à l’aide des moyens synthétiques – adverbes plus, meins. Rappelons qu’il en était autrement en latin où les adverbes formaient à l’aide des flexions les degrés de comparaison: late – latius – latissime.
Les formes synthétiques sont rares: mielz, mieus; pis.
Questions ( * - questions demandant des reflexions)
I. 1. Quelle est la marque du féminin en français moderne? Etait-elle la même en ancien frnaçais?
2. Quel type de déclinaison (celui des masculins ou celui des féminins) oppose le mieux les formes casuelle?
* La flexion -s est-elle déjà devenue une marque du pluriel? Pourquoi?
3. Comment les linguistes expliquent-ils la dégradation du système casuel de l’ancien français?
Pourquoi l’ancien français tout en privilégiant les formes du cas régime a-t-il conservé certaines formes du cas sujet ? Quelles sont ces formes ?
*Dans quel(s) dialectes(s) la déclinaison disparaît-elle en premier lieu? Pourquoi?
*Dans quel(s) dialectes(s) la déclinaison subsiste-t-elle jusqu’à nos jours? Pourquoi?
II. 1. Quelle nouvelle catégorie grammaticale et une nouvelle partie du discours s’est formée en ancien français?
Précisez l’origine de l’article défini. Précisez l’origine de l’article indéfini.
L’article en ancien français est-il déclinable?
L’article défini, possède-t-il des formes élidées en ancien français? Sont-elles pareilles aux formes élidées modernes?
L’article défini, possède-t-il des formes contractées en ancien français? Sont-elles pareilles aux formes contractées modernes? Donnez des exemples des vestiges de l’ancienne contraction.
2. Quelles sont les valeurs de l’article défini en ancien français?
Quelles sont les valeurs de l’article indéfini en ancien français?
Les valeurs de l’article (defini, indéfini) en ancien français sont-elles les mêmes qu’en français moderne?
* Quelle est la valeur étymologique de l’article défini dans le français d’aujourd’hui? Pourquoi?
III. * Pourquoi les adjectifs du type grant, tendre n’ont qu’une forme pour les deux genres en ancien français?
* Pourquoi dans certains mots composés tels que grand-route, grand-mère l’adjectif grand ne s’accorde-t-il pas avec le nom ?
Quels sont les types d’adjectifs selon leur origine? Dans quelles formes retrouve-t-on les vestiges de ces anciennes formes invariables au genre?
Comment se forment les degrés de comparaison des adjectifs en ancien français?
IV. De quelle origine sont les pronoms français?
1. Etudiez les tableaux des formes des pronoms et dites quelles formes n’existent plus en français moderne.
Quelles sont les particularités de l’emploi des pronoms en ancien français?
2. Les formes toniques et les formes atones des pronoms possessifs en ancien français sont-elles aussi spécialisées que celles du français moderne?
V. 1. * Quels sont les formes non personnelles de l’ancien français?
* Sont-elles différentes des formes non personnelles modernes? En quoi consiste cette différence? Qu’ont-elles de commun?
2. * Quelles formes verbales – synthétiques ou analytiques – sont plus anciennes? Quelles formes sont de formation plus récente? Pourquoi?
Parmi les formes synthétiques laquelle n’est pas étymologique?
Etudiez les formes synthétiques du verbe de l’ancien français et dites par quoi elles se distinguent de celles du français moderne.
L’ancien français connaît quatre constructions verbales analytiques. Lesquelles de ces formes subsistent en français moderne?
Quelles sont les constructions verbales analytiques qui n’existent plus en fançais moderne? * La langue anglaise, possède-t-elle des constructions analogiques?
3. Le système des modes de l’ancien français, en quoi diffère-t-elle de celui du français moderne? En nombre de modes? en quantité de formes? en leur fontionnement (emploi)?
Pourquoi en ancien français le passé simple était beaucoup plus employé que le passé composé?
Le subjonctif en ancien français, s’employait-il plus largement qu’en français moderne?
La voix de l’ancien français, ressemble-t-elle à celle du français moderne?
4. A quoi est due l’alternance des radicaux en ancien français?
Les verbes à alternance, continuaient-ils à se former en ancien français? Pourquoi?
Le français moderne, possède-t-il les verbes à alternance?
VI. Quels sont les modèles de formation des adverbes les plus usités en ancien français?
* Comment se forment les nouveaux adverbes en ancien français: par la voie synthétique ou par la voie analytique?
Devoirs
1. Définissez: la déclinaison, la conjugaison, un cas (cas sujet = cas nominatif, cas régime = cas oblique), l’analytisme (forme analytique), le synthétisme (forme synthétique), l’étymologie (forme étymologique), l’analogie, l’alternance, le radical, la refaite (= le nivellement = la régularisation).
2. Nommez les mutations morphologiques qui sont caractéristiques seulement à l’ancien français et celles qui représentent l’évolution des transformations débutées en latin vulgaire ou en gallo-roman; celles qui se sont achevées en ancien français et celles qui vont encore évoluer.3. Etudiez l’ancienne déclinaison et dites quelles formes la langue a généralisées – celles du singulier ou celles du pluriel (voir I.4.)
Ancien |
Sing. |
conseil |
seuil |
bal |
français |
Plur. |
conseus |
seus |
baus |
Français |
Sing. |
conseil |
seuil |
bal |
moderne |
Plur. |
conseils |
seuils |
bals |
Ancien |
Sing. |
chevel |
drapel |
sol |
français |
Plur. |
cheveus |
drapeaus |
sous |
Français |
Sing. |
cheveu |
drapeau |
sou |
moderne |
Plur. |
cheveux |
drapeaux |
sous |
4. Etudiez (voir I.4.) et expliquez pourquoi en français moderne les mots boeuf et oeuf (uef AF < ovu (lat.) ont une double prononciation?
|
Singulier |
Pluriel |
Cas sujet |
ue(f↓)s = ues > [ø] |
uef > [oef] |
Cas régime |
uef > [oef] |
ue(f↓)s = ues > [ø] |
5. Pourquoi les noms propres Gilles, Jacques, Jules, Yves, Louis s’écrivent-ils avec un -s à la fin (voir III.)?
6. Prouvez qu’en ancien français dans l’expression des catégories du genre, du nombre, du cas ce sont les formes flectives (synthétiques) qui prédominent.
7. Comparez les emplois de l’article défini en ancien français et ceux du français moderne.
L’article défini
Emploi |
AF |
FM |
1. Devant les noms abstraits |
- |
+ |
2. Devant les noms des pays |
|
|
3. Devant les noms des habitants des pays |
|
|
4. Devants les noms déterminés par le contexte |
|
|
5. Devant les noms propres de personne |
|
|
6. Les noms d’abjets uniques |
|
|
7. Les noms d’un usages fréquent |
|
|
8. Expliquez les processus phonétiques qui ont donné lieu aux alternances suivantes:
Masculin |
Féminin |
blancu > blanc |
blanca > blanche |
longu > long > lonc |
longa > longe |
vivu > vif |
viva > vive |
9. Trouvez les traits archaïques dans la classe des pronoms (voir IV).
10. Remplissez le schéma ci-dessous par les formes modernes et expliquez quelles formes anciennes ont disparu et pourquoi (voir IV. 3).
|
|
Masculin |
Féminin |
Masculin |
Féminin |
||||
|
|
Formes anciennes |
Formes modernes |
Formes anciennes |
Formes modernes |
Formes anciennes |
Formes modernes |
Formes anciennes |
Formes modernes |
Sing. |
Cas sujet |
cil |
|
cele |
|
cist |
|
ceste |
|
|
Cas datif |
celui |
|
celi |
|
cestui |
|
cesti |
|
|
Cas oblique |
cel |
|
cele |
|
cest |
|
ceste |
|
Plur. |
Cas sujet |
cil |
|
celes |
|
cist |
|
cestes |
|
|
Cas datif |
--- |
|
--- |
|
--- |
|
--- |
|
|
Cas oblique |
ceus |
|
celes |
|
cez |
|
cez |
|
11. Prouvez que dans l’expression du degré d’éloignement les pronoms démonstratifs abandonnent le synthétisme et choisissent la voie analutique.
12. Trouvez des différences dans l’emploi des temps anciens et modernes (voir V. 3.).
Trouvez des différences dans l’emploi des modes anciens et modernes (voir V. 3.).
13. Les verbes à alternance se sont formés en gallo-roman et ils étaient très nombreux en ancien français. Continuent-ils à se former en ancien français? Pourquoi? (voir V. 4.).
14. Les formes de l’imparfait, du futur simple et du conditionnel présent ne sont pas atteintes par l’alternance. Pourquoi? (voir V. 4.).
15. Nommez les processus phonétiques grâce auxquels les radicaux alternent:
Présent de l’Indicatif |
||
Amer |
Tenir |
Deveir |
aim |
tièn |
dèi |
àim - es |
tièn - s |
dèi(v) - s |
àim - e(t) |
tièn - t |
dèi(v) - t |
am - òns |
ten - òns |
dev - òns |
am - èz |
ten - èz |
dev - èz |
àim - ent |
tièn - ent |
dèiv - ent |
16. La langue tend toujours à éliminer des formes irrégulières, notamment les verbes à alternance des radicaux, et les remplacer par des formes régulières. Pourquoi la langue n’a-t-elle tout de même pas régularisé toutes les formes verbales qui sont surtout nombreuses dans le 3 groupe?
17. Prouvez avec des exemples que le verbe conserve mieux que le nom son caractère synthétique.
18. Faites voir avec des exemples le caractère systématique des changements linguistiques qui est traduit par l’interaction de la phonétique, de la grammaire, de la syntaxe.
19. Présentez les principales teldances morphologiques se développant en ancien français.
Les travaux dirigés