Les synonymes, antonymes et homonymes
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EE3 Les synonymes, antonymes et homonymes

 

Les synonymes sont des mots à significations rapprochées expriment diverses nuances d'une seule notion ou de plusieurs notions très proches. Ils présentent, cependant, des différences sémantiques, stylistiques, ou bien des différences émotives et expressives, souvent ils se distinguent aussi par l'étendue de leur emploi, par leurs liens sémantiques avec les autres mots.

Ainsi, dans la série des synonymes construire, bâtir, édifier, ériger chacun des synonymes exprime l'idée générale de construction, et en même temps chaque synonyme a un sens particulier. Construire — implique l'idée de l'ordre dans lequel sont disposés les matériaux, l'idée de l'art avec lequel on distribue les diverses parties, et se dit aussi bien d'un bâtiment en maçonnerie que d'une machine; désigne le travail de l'architecte ou de l'ingénieur. Bâtir — exprime l'action d'élever sur le sol, à l'aide d'un assemblage de matériaux, une mai­son, un pont, une digue ou un autre ouvrage semblable.

La synonymie nous permet de lej faire avec plus de variété, d'expression et de précision. Grâce à la synonymie notre langage devient vif et imagé. La présence des sy­nonymes témoigne de la richesse lexicale de la langue.

Pour bien saisir les différentes nuances exprimées par les termes d'une série de synonymes, il faut partir du contexte, des conditions de l'emploi de chacun d'eux. L'étendue de l'emploi n'est pas la même pour tous les mots composant une série de synonymes. Prenons, par exemple, les synonymes frapper et heurter. On dira, au sens fi­guré heurter les sentiments, mais frapper l'imagination. Soit quatre adjectifs synonymes sombre, obscur, ténébreux, noir. On peut bien dire au sens propre une nuit sombre, une nuit obscure, une nuit noire, une nuit ténébreuse. Mais au sens figuré, on dit le temps obscur de l'histoire et le temps ténébreux de l'histoire (au sens de 'peu connu ou oublié'), jamais le temps sombre de l'histoire.

On distingue deux types essentiels de synonymes: synonymes idéographiques et synonymes stylistiques.

Il arrive aussi que des mots à significations différentes deviennent synonymes dans un contexte. Ce sont des synonymes contextuels. Ainsi, les substantifs animal, ennemi et tigre ne sont pas synonymes. Cependant dans le passage suivant on peut les considérer comme des synonymes contextuels: «Enfin, après avoir longtemps fatigué son ennemi furieux, ... le gladiateur l'attendit de pied ferme; et le tigre, tout haletant, courut à lui avec un rugissement de joie. Un cri d'horreur... partit en même temps de tous les gradins, quand l'animal, se dressant sur ses pattes, posa ses griffes sur les épaules nues du gladiateur».

Dans ses différentes acceptions le mot polysémantique peut faire partie de diverses séries de synonymes. Ainsi, le substantif tête qui a plus de 60 significations, peut avoir comme synonymes les substantifs intelligence et sang-froid qui appartiennent généralement à des séries différentes. Dans ce cas, les significations figurées du mot tête se rapprochent du sens propre des mots intelligence et sang-froid. Comparez: avoir bonne tête — être intelligent; garder (avoir) sa tête garder son sang-froid.

Les synonymes stylistiques sont des mots à significations rapprochées désignant les diverses nuances d'une même notion, mais appartenant à différents styles du langage. Soit la série de synonymes mourir, trépasser, décéder, crever, casser sa pipe, dégeler, calancher, claboter, claquer. La dominante de la série, le verbe mourir qui a une valeur neutre, se dit aussi bien des personnes que des animaux et appartient à la langue littéraire. Trépasser est du style élevé et ne se dit que des personnes. Décéder est surtout usité en style judiciaire, administratif ou dans un discours prononcé aux funérailles. Crever veut dire mourir en parlant des animaux, mais appliqué aux personnes, il est très familier et péjoratif. Casser la pipe et dégeler appartiennent au langage populaire.

Il est à noter que les synonymes stylistiques comme les synonymes  idéographiques  ont  souvent   des  distinctions d'ordre affectif ou expressif, ils marquent différents egrés d'intensité de qualité ou d'action.  Généralement,  les synonymes stylistiques   sont   plus expressifs que les synonymes idéographiques. cf.: beau, joli, gentil, bath, chouette, rupin, pe, numéro un). On sent bien le sens familier et affectif des adjectifs bath, chouette, rupin qui sont populaires, les mots tape et numéro un, très familiers, sont encore plus expressifs. Les synonymes stylistiques montrent avec évidence l'attitude du sujet parlant envers la chose dont il s'agit. On appelle parfois les synonymes ayant des distinctions affectives les synonymes émotionnels.

Les sources de la synonymie sont très variées. C'est, tout d'abord, l'emploi métaphorique d'un seul ou de plusieurs mots qui deviennent ainsi, dans leur sens figuré, synonymes d'un mot pris au sens propre: tête, caboche, cafetière, boule dont le premier terme garde son sens propre tandis que les autres sont employés au figuré.

C'est aussi le développement de la polysémie des mots. Au cours de son évolution sémantique le mot arrive à exprimer des notions nouvelles et devient synonyme des mots qui ont désigné les mêmes notions jusque là. Ainsi, le verbe veiller n'avait primitivement que l'acception de s'abstenir de dormir pendant le temps destiné au sommeil, puis il a pris la signification d'être de service de garde, alors il est devenu synonyme du verbe.

Les euphémismes fournissent, eux aussi, des synonymes. Parfois, jugeant un mot trop cru ou déplaisant, on lui substitue un autre mot ou bien une périphrase qui rappelle indirectement la chose, l'idée exprimée par le mot évité. Souvent, ces euphémismes et les mots qu'ils remplacent deviennent de véritables synonymes et restent dans la langue littéraire. Ainsi, on emploie par euphémisme le mot indélicatesse au lieu du substantif vol, les verbes partir, s'en aller, s'endormir remplacent le verbe mourir.

Parfois la formation même des mots fournit des synonymes. C'est un groupe tout particulier comportant des variantes lexico-rnorphologiques de mots. Ce sont des synonymes formés du même radical. Il y a des cas où l'un des synonymes a le suffixe zéro tandis que l'autre en a un: soir soirée, matin — matinée, froid froidure, roc — roche rocher. Il arrive aussi que les deux synonymes ont des suffixes différents: ennuyant — ennuyeux.

Les antonymes sont des mots à significations contraires qui rendent des notions opposées. On trouve les antonymes parmi les différentes parties du discours: les substantifs: rapidité lenteur, beauté laideur, confiance méfiance les adjectifs: présent absent, bon mauvais, courageux lâche, mobile immobile les verbes: sortir entrer, monter descendre, approuver désapprouver; les adverbes: vite lentement, tôt tard; les prépositions: sous — sur, etc.

L'antonymie est une catégorie historique changeant au cours des siècles. Ainsi, avec l'évolution du sens des mots les liens anto-nymiques varient eux aussi. L'adjectif chétif, par exemple, avait d'abord pour antonymes les mots libre, franc, de nos jours ses antonymes sont fort, robuste, vigoureux.

L'antonymie est propre surtout aux mots désignant les différentes qualités et actions, les quantités, les phénomènes naturels: blanc noir, bonté méchanceté, amour haine, patience im-

patience, amener — emmener, aimer — haïr, orienter — désorienter, petit — grand, beaucoup — peu, souvent — rarement, polysyllabe — monosyllabe, nuit — jour, froid — chaleur, humide — sec.

Le rapport d'antonymie existe entre les espèces d'un genre quand elles sont seulement deux et sans aucune partie commune. Alors la négation d'une des deux espèces équivaut à l'affirmation de son contraire : non mâle est synonyme de femelle. Mais non do ne désigne pas une note de musique: il n'y a pas d'antonyme dans la gamme, le genre «note» ayant sept espèces.

La division du genre en espèces peut être faite de différents points de vue, Mâle s'oppose à femelle sous le chef du «sexe», mais le genre «animé» pourrait aussi bien être divisé en «animés terrestres», «animés aquatiques», «animés aériens», partition qui ne donnerait aucune prise à l'antonymie. Dans le genre «humain adulte», marié a pour antonyme célibataire sous le chef «état-civil». Dans le genre «points cardinaux», sud n'a pas d'antonyme sous le chef «rosé des vents», mais il s'oppose à nord sous le chef «direction de méridien»; et ouest a pour antonyme est sous le chef «direction de parallèle». Tout mot peut devenir l'antonyme d'un autre si la situation ou le contexte fait de leurs signifiés respectifs un ensemble binaire; exemple: le corbeau et le renard dans la fable de La Fontaine.

Souvent le rapport d'exclusion réciproque qu'on établit mentalement entre deux mots antonymes paraît négliger toute une zone intermédiaire. Il existe par exemple entre le chaud et le froid des intermédiaires qui sont le frais, le tiède, la température moyenne.

Comme les synonymes, les antonymes sont le plus souvent polysémiques, et ne s'opposent que dans certains de leurs sens: raison a pour antonyme tort dans avoir raison, mais non dans avoir une bonne raison (motif) ou à raison de proportion).

Le facteur contextuel est primordial puisqu'il contribue à définir le genre à deux espèces où le mot en question prend la valeur antonymique. L'adjectif plein est antonyme — de vide dans l'énoncé Mon verre est plein;—de creux dans l'énoncé // a les joues pleines;d'exempt dans l'énoncé Son livre de comptes est plein d'erreurs.Des mots dérivés peuvent être antonymes par leur radical:

centrifuge / centripède, nydrophile / nydrophole

ou par leur préfixe:

embarquement /débarquement

hypertension / hypotension

polyculture / monoculture

Les préfixes négatifs sont essentiellement antonymiques:

in- (il-, im-, ir-): commode / incommode; prudence / imprudenc; vaincu/invaincu

mal-: adroit/maladroit

mé-, mes-: content/mécontent; entente/mésentente

dé-, dés-, dis-: croître/décroître; unir/désunir; courtois/discourtois

as-, an-: symétrie/asymétrie; aérobie/anaérobie

non: violent/non violent; violence / non-violence.

 

La classification des antonymes

On distingue deux types d'antonymes: les antonymes logiques ou les antonymes de notion, et les antonymes morphologiques.

Les antonymes logiques sont les mots de sens opposés qui n'ont pas d'indices formels d'antonymie. Dans ce cas les notions contraires sont exprimées par des mots à radicaux différents: matin — soir, douceur — brutalité, riche — pauvre, délicat — grossier, partir — arriver, savoir — ignorer, tranquille — inquiet, accepter — refuser, viv­re — mourir, dessus — dessous, fièrement — humblement, etc.

Les antonymes morphologiques sont des mots à significations opposées formés du même radical à l'aide de divers préfixes antonymiques ou par un élément du mot composé. Ce sont des mots tels que: clérical — anticlérical, américain — antiaméricain, activité — non-activité, intervention — non-intervention, centraliser — décentraliser.

Les homonymes (du grec homos 'semblable' et onoma 'nom') sont des mots à prononciation identique ayant des significations différentes. Ce sont, par exemple, des mots tels que baie [baie de framboise] et baie [petit golfe], fermoir [agrafe de métal pour tenir fermé un livre, un collier] et fermoir [instrument de charpentier. Les homonymes sont très répandus dans la langue française. On trouve l'explication de ce fait dans l'évolution de la langue au cours des siècles. Les phénomènes linguistiques qui ont donné naissance à l'homonymie sont nombreux: la modification phonétique, le développement du sens des mots, la dérivation et la conversion, parfois c'est l'emprunt.

De même que la synonymie et l'antonymie, l'homonymie est une catégorie historique. Les mots qui étaient homonymes à une certaine époque d'histoire ont cessé de l'être au cours de leur évolution. Par exemple, les mots grand'mère et grammaire étaient homonymes encore au XVIIe siècle, mais ils ne le sont plus de nos jours.

Les sources de l'apparition des homonymes sont diverses: révolution phonétique. Les mots ayant autrefois l'aspect phonique tout différent, l'ont changé au cours de leur histoire suivant les lois du développement phonétique. A la suite de ces changements, l'aspect phonique de deux ou plusieurs mots est devenu identique: mère (f) mer (f) maire (m) point (m) poing (m) lat. matrem lat. marem lat. major lat. punctum lat. Pugnu; le développement sémantigue amène aussi la formation des homonymes. Il arrive qu'un mot acquiert, au cours de son histoire, des sens tellement différents de son sens premier qu'on considère ses  diverses acceptions comme  des  mots  indépendants,   des  mots nouveaux: la dérivation peut engendrer les homonymes. Parfois on ajoute au même radical des suffixes-homonymes: cf.: aller et allée, communiquer et communiqué où les suffixes -er, -é et -ée sont homonymes.

 

Bibliographie

 

1. Лопатникова, Н.Н. Лексикология современного французского языка / Н.Н. Лопатникова, Мовшович Н.А. – М., 1982.

2. Лингвистический энциклопедический словарь. М., 1990.

3. Lévite, Z.N. Cours de lexicologie française / Z.N. Lévite. – Minsk, 1963.

4. Mittérand, H. Les mots français / H. Mittérand. – P., 1976.

5. Sauvageot, A. Portrait du vocabulaire français / A. Sauvageot. – P., 1964.