Objet d’étude et méthodes d’analyse du vocabulaire
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EEObjet d’étude et méthodes d’analyse du vocabulaire

 

Après la phonétique et la phonologie, qui s’occupent des sons, et la morphologie qui s’occupe des unités minimales de forme et de sens, nous arrivons dans la lexicologie, qui s’occupe des masses de mots qui forment le lexique d’une langue, et le stock lexical des individus.

Le mot «lexicologie» se compose de deux radicaux grecs: lexicon qui signifie «vocabulaire» et logos – «étude». Alors, la lexicologie étudie le vocabulaire, ses particularités, les voies de son enrichissement.

Pour saisir l’importance de la lexicologie, il vaut la peine de réfléchir sur nos capacités de manipulation lexicale. Chaque locuteur d’une langue possède des milliers de mots. Certains de ces mots sont utilisés tous les jours, mais d’autres n’apparaissent pas dans la bouche ou sous le stylo qu’une ou deux fois par année. Malgré cela, nous arrivons à trouver les mots qu’il nous faut dans un instant, sans même y faire attention. Il y a donc une question de stockage et d’accès qu’il faut examiner. Avant d’analyser les mots de la langue, il faut commencer par préciser ce qu’on étudie. Qu’est-ce que c’est qu’un mot?

Tout mot présente une unité sémantique, phonique et grammaticale. Chaque mot, porteur d’un sens particulier, a en même temps son propre aspect phonique, ses propres significations lexicale et grammaticale. Le lexique et la grammaire sont intimement liés l’un à l’autre. Le sens du mot  dépend souvent de ses liens grammaticaux avec les autres mots. Ainsi les verbes intransitifs devenus transitifs reçoivent un complément d’objet direct et changent de sens. Comparez: rentrer à la maison, rentrer la récolte, sortir de la maison, sortir une photo, travaillier à l’usine, travailler à sa thèse.

La lexicologie est en contact perpétuel avec la phonétique historique. Chaque mot a son propre aspect phonique sans lequel il n’existerait pas. La richesse du vocabulaire en homonymes s’explique en premier lieu par l’évolution phonétique de la langue. Ainsi les substantifs mer (marem), mère (matrem), maire (major) n’avaient autrefois rien de commun dans leur prononciation. Ils ont acquis leur aspect phonique actuel à la suite de l’action des lois phonétiques. La lexicologie a de nombreux points de contact avec la stylistique. Chaque mot possède en dehors de ses valeurs grammaticale et lexicale une valeur stylistique: synonymes, néologismes, les archaїsmes, les argotismes, métaphores stylistiques et métaphores linguistiques.

Tout en gardant des rapports étroits avec les autres aspects de la linguistique, la lexicologie a son objet d’étude, ses buts et ses lois.  Il existe la lexicologie historique ou diachronique qui s’occuppe de l’évolution du vocabulaire, et la lexicologie descriptive (synchronique) qui étudie le vocabulaire dans une période déterminée de la langue. Les données de la lexicologie historique permettent mieux comprendre l’état actuel de la langue.

Le vocabulaire d’une langue constitue son système lexical. A l’intérieur du système lexical les mots forment toutes sortes de séries, de groupements,  ils se mettent en différents contacts les uns aux autres: rapports antonymiques, synonymiques, homonymiques, parenté génétique (doublets étymologiques).  

Le vocabulaire présente un système ouvert qui, à tout moment, peut être complété.

Le mot est reconnu comme unité de base de la langue. Ce n’est pas par hasard qu’on appelle la langue humaine «langue des mots»; parce que ce sont des mots qui permettent d’organiser la langue, ils changent et se mettent en rapport dans la parole conformément aux règles grammaticales de la langue. Dans le domaine du vocabulaire le mot représente une unité bien délimitée, un élément de construction selon L.Cherba. Du point de vue lexicologique le mot apparaît comme une  unité concrète, différente des autres mots: dans le cas concret on emploie des mots, tels que: maison, cheval, rouge, pleurer, mais pas des mots – souris, édifice etc. On peut comparer le mot pris du point de vue lexicologique avec l’unité arithmétique concrète (1, 2, 3, 6, 8).

Reconnu comme unité de base, le mot n’a pas de définition généralement admise. Ch.Bally avait raison d’affirmer que «la notion de mot passe généralement pour claire, mais en réalité c’est une notion des plus ambiguë qu’on rencontre en linguistique».

Traditionnellement, le mot est conçu comme un assemblage de sons (ou de lettres) constituant le plus petit segment correspondant à une idée de chose, de personne, d’action. Depuis F. de Saussure le mot  a cessé d’être l’équivalent phonique ou graphique du geste de montrer: ça, c’est «courir», ça, c’est «une pêche». Il définit le signe linguistique comme combinaison d’un signifiant et d’un signifié ne pouvant aller l’un sans l’autre, comme le recto et le verso d’une feuille, a ouvert la voie à l’étude des rapports entre signifiant (image acoustique) et signifié (concept) et à la critique de la notion de mot. Aujourd’hui, on présente le mot comme «un assemblage de sons en ordre constant, insécables dans l’énoncé et pourvus d’une signification» (Martinet). Meillet définit le mot comme «l’association d’un sens donné à un ensemble donné de sons susceptible d’un emploi grammaticalement donné». Dauzat dit que le mot est «l’union passagère d’une idée avec un son ou une série de sons». Les définitions proposées semblent insuffisantes car elles peuvent être appliquées à plusieures unités: mot, groupe de mots, proposition.

La démarcation du mot n’est pas facile. Elle varie d’une langue à une autre et en français ne répond pas à des critères précis. Les mots sont souvent complexes et l’unité de signe n’est pas le mot. Martinet a proposé d’appeler monème le plus petit signifiant porteur d’une sinification: le, dans, -r, -ons sont des monèmes comme cuisine, office, entre, au fur et à mesure. Le est le signifiant du masculin. Le signifiant, indécomposable, constitue un monème. Un signifié peut se répartir sur des signifiants séparés. Dans «nous courons» – nous et -ons signifient la première personne du pluriel. Ces monèmes sont séparés en deux catégories – les lexèmes (monèmes appartenant à des inventaires illimités, susceptibles de s’accroître) et les morphèmes (le, dans) dont la fréquence est très supérieure. Martinet pense que l’on peut se passer de la notion confuse de mot.  Chaque mot, porteur d’un sens lexical a son aspect phonique et sa caractéristique grammaticale.

Tout mot isolé français porte l’accent sur la dernière syllabe. Si les mots russes gardent leur accent tonique dans le discours, les mots français subissent une désaccentuation dans la chaîne parlée. L’accent rythmique tombe en français sur la dernière syllabe du dernier mot d’un groupe rythmique qui forme un tout sémantique. Pourtant les mots français forment une chaîne ininterrompue grâce aux liaisons et aux enchaînements. La majeure partie des mots français ont une ou deux syllabes. La plupart des syllabes sont ouvertes.

Le système phonique du français comprend environ trente-six sons qui se classent en voyelles et en consonnes. Les voyelles sont au nombre de seize. Les trois semi-voyelles sont: w (avouer), u (lui) et j (grenouille). Les consonnes étendent le clavier phonique. Elles ne sont que des bruits provoqués par les mouvement de la bouche ou  des organes qui s’y rattachent. Ces bruits deviennent distincts en s’articulant sur une voyelle. Un totale de dix-sept consonnes qui, en se combinant entre elles et avec les dix-neuf voyelles, donnent de nombreuses possibilités. La syllabe est une association plus ou moins étroite de voyelles et de consonnes. Ainsi s’élaborent des mots. Un son-voyelle peut déjà constituer un mot (en, à, eau, hue), une consonne appuyée sur la voyelle e également fait un mot (je , te, se, le me, que). Chacune des 17 consonnes peut se combiner avec chacune des 19  voyelles formant ainsi théoriquement 343 combinaisons possibles (pas, paon, paix, pin, pot, pond). Combinaisons de 3 phonèmes peuvent être de 8 types:

VVV (onomatopée)

CCC (pst) rares

CVV (roi, chien)

VVC (haïr)

CVC (bac, toc)

VCV (héron, orée)

VCC (aigle, âcre)

CCV (plat, craie)

Combinaisons de plus de trois phonèmes sont formées par:

4 phonèmes: VCVC (étape)

5 phonèmes: VCVCV (avaler, arrivée)

6 phonèmes: VCVCVC (arrivage, amulette) au-delà de six phonèmes les mots sont rares.

Le français prèfère les mots courts aux mots longs. Le français se caractérise par la netteté d’émission des voyelles et consonnes, par la précision et mesure. L’élision et la liaison accrochent les mots les uns aux autres au point que certains membres de phrase ne forment plus qu’un immense mot phonique (Nous allons envisager une hypothèse – nouzalonzenvizagérunipotèze). Cette fusion du mot est favorisée par la faible intensité de l’accent dit «tonique».

 

Bibliographie

 

1. Лопатникова, Н.Н. Лексикология современного французского языка / Н.Н. Лопатникова, Н.А. Мовшович. – М., 1982.

2. Супрун, А.Е. Методы изучения лексики / А.Е. Супрун. – Минск, 1975.

3. Лингвистический энциклопедический словарь. – М., 1990.

4. Lévite, Z.N. Cours de lexicologie française / Z.N. Lévite – Minsk, 1963.