Test 6

 

1. Observez le texte et faites les devoirs après:

 

Le bourgeois dans les comédies de Molière

La représentation caricaturale du bourgois était de tradition dans la littérature comique. Le bourgeois fournissait à la comédie un type nettement délimité, avec ses défaut et ses ridicules: avarice, faiblesse de courage, jalousie, penchant, le plus souvent bafoué, à la tyrannie domestique, suffisance réjouissante, égoïsme et naïveté. Ce type, distinct à la fois de celui du gentilhomme ou plus généralement de l’homme de bonne compagnie et de celui du valet, a été utilisé très fréquemment par Molière depuis ses débuts et tient dans son théâtre une place considérable, la première peut-être. Le Sganarelle du Cocu imaginaire, celui de l’Ecole des maris, Arnolphe, le Sganarelleencore du Mariage forcé, un dernier Sganarelle dans L’Amour médecin, Harpagon enfin, forment comme une longue lignée, à travers laquelle se retrouve, pour la plus grande confusion de la bourgeoisie, le même air de famille tout à tout rebutant ou burlesque, issu d’un mélange fondamental de passion possessive et de pusillanimité. Telles sont bien les deux données premières du personnage, variées et dosées diversement, mais présentes dans toutes les variétés du type, qui se trouve ainsi congénitalement affublé des défauts que le cynisme aristocratique le plus achevé repousse encore  comme indignes de lui: avidité et couardise. Ces deux défauts constituaient sans aucun doute, dans l’opinion générale de l’époque, la ligne de séparation théorique de deux classes sociales.

Si c’est le plus souvent dans l’amour que le bourgeois de Molière manifeste son infériorité, cela ne résulte pas seulement du fait que le domaine de l’amour et du plaisir est celui où s’affrontent de préférence les valeurs chez Molière; c’était une tradition que l’incompatibilité du caractère bourgeois et de la galanterie. L’air bourgeois et le bel amour n’allaient guère ensemble. Pour revenir par exemple au cas significatif de Boileau, c’est tout un de lui reprocher sa naissance et son esprit bourgeois, et de flétrir son inaptitude à la poésie galante. Les traits habituels de la mentalité marchande passaient pour mortels à l’amour, auquel la tradition courtoise, même réduite à la simple galanterie, attribuait une noblesse ou une excellence indigne des âmes médiocres. Ce n’est pas que le bourgeois ne soit sujet à l’amour. Molière, au contraire, aime à représenter ses Sganarelle et ses Arnophe amoureux, à leur prêter même une insistance passionnée dans le désir, une sensibilité cruelle à l’échec. Mais ils ne savent pas amier; ils mettent dans l’amour la même jalousie, le même instinct d’accaparement qu’en toutes choses. 

Bénichou, P. Morales du grand siècle / P. Bénichou. – P., 1948. 

 

Devoirs:

1. Relevez tous les termes que Paul Bénichou oppose au bourgeois et à son caractère.

2. Relevez tous les mots qui appartiennent au vocabulaire psychologique.

3. Repérez différents champs lexicaux dans le  texte et relevez les termes qui les composent.

4. Définissez avec précision galanterie et tradition courtoise.

5. Cherchez un synonyme de pusillanimité et de couardise.

6. Faites une fiche lexicologique sur le mot Bourgeois, en examinant attentivement ses différents sens selon les époques.