Le franÇais dans le domaine roman
L’objectif d’étude
Etudier les caractéristiques du français dans le domaine roman
Donnez la définition des termes suivants: le synthétisme, l’analytisme, une langue synthétique / une langue analytique, l’accent mélodique, l’accent dynamique, l’accent oxyton, l’ordre direct des mots, le latin populaire (vulgaire), la couche celtique (le substrat), la couche germanique (le superstrat), un doublet étymologique
L’apprenant doit savoir:
La définition des termes du cours
La différence entre une langue synthétique / une langue analytique
Les particularités phonétiques de la langue française
Les particularités morphologique de la langue française
Les particularités syntaxiques de la langue française
Les particularités du vocabulaire français
L’apprenant doit savoir faire:
Exposer les caractéristiques phonétiques du français moderne en opposition aux autres langues romanes
Mettre en rapport les particularités linguistiques du français contemporain et les circonstances de l’histoire externe dans lesquelles il s’est formé
Analyser les traits analytiques et les traits synthétiques d’une langue
Trouver les éléments analytiques et synhétiques dans toutes les parties du discours du français contemporain
Dégager les caractéristiques syntaxiques du français moderne que l’on ne trouve pas dans les autres langues romanes
Analyser les traits particuliers du vocabulaire du français contemporain et expliquer les raisons de leur formation
Le plan
I. Les particularités phonétiques de la langue française.
II. Les particularités morphologique de la langue française.
III. Les particularités syntaxiques de la langue française.
IV. Les particularités du vocabulaire français.
Les langues romanes constituent un groupe plus ou moins homogène étant donné leur parenté génétique et structurale. Mais dans ce groupe le français occupe une place à part vu ses particularités phonétiques, grammaticales et lexicales.
En effet, le français est une langue romane qui s’est éloignée le plus de son origine – le latin.
I. Les particularités phonétiques de la langue française.
La langue française a connu une évolution phonétique très intense qui fait la spécificité du français par rapport aux autres langues romanes:
– une réduction importante du mot: grâce au caractère dynamique de l’accent le mot latin a perdu ses syllabes pré- et posttoniques: gubernàculum > gouvernàil;
– l’évolution des voyelles avec la formation de nombreuses diphotongues (Ve – IXe ss.) qui se sont effacées aux XIIe – XIVe ss.; nous retrouvons leurs traces dans l’orthographe française;
– la disparition des consonnes intervocaliques: le mot latin sudare devient suer en français, mais reste sudar en espagnol.
Le système phonétique français qui est le plus riche de tous les autres systèmes phonétiques romans comporte 15 voyelles par rapport aux 5 voyelles latines (respectivement 7 – en italien, 7 – en espagnol, 7 – en roumain).
Le vocalisme français connaît deux types de voyelles que l’on ne trouve pas dans les autres langues romanes:
– les voyelles antérieures labialisées ü – ö – ö/. Ces voyelles possèdent deux traits pertinents – l’antériorité et la labialisation.
– les voyelles nasales: ë, ã, õ, ö dont la pertinence fonctionnelle est très importante.
Quant au consonantisme français, son évolution a connu une transformation phonétique très importante: il s’agit de la palatalisation des consonnes devant les voyelles antérieures e, i, a. Cette mutation a abouti, à l’époque de l’ancien français, à la formation des consonnes affriquées ts, ts, dz, dz: caelu lat. [kelu]> ciel [tsiel] AF. La palatalisation avait eu lieu dans toutes les langues romanes. Le français a éliminé les consonnes affriquées vers les XIe – XIIe ss., après les avoir transformées en occlusives [t, d] et constrictives [s, z], tandis que les autres langues romanes en ont conservé jusqu’à nos jours.
Le français se distingue des autres langues romanes par ses moyens prosodiques, et notamment, par son accent. L’accent est dynamique dans toutes les langues romanes (à la différence de l’accent mélodique latin), mais en français il est toujours oxyton, c.-à-d., il frappe la dernière syllabe du mot, et dans la chaîne parlée – la dernière syllabe du groupe rythmique. Ainsi l’accent en français joue-t-il un rôle unificateur à un niveau prosodique plus élevé (groupe rythmique) que dans les autres langues romanes (mot).
II. Les particularités morphologique de la langue française.
Le substantif
Dans la plupart des langues romanes les catégories grammaticales du genre et du nombre sont exprimées par et dans les mots eux-mêmes. Cette voie de l’expression des catégories grammaticales est appelée synthétique, par ex.:
– la catégorie du genre: hijo «fils» – hija «fille» esp.; bambino – bambina it.;
– la catégorie du nombre: amigo – amigos esp.; amico – amiciit.
Ces catégories peuvent être doublées par l’article.
En français, surtout dans la langue parlée, la forme du mot n’exprime que rarement les catégories du nombre et du genre. Le plus souvent la langue recourt à l’article ou un autre déterminatif pour les désigner. Les valeurs grammaticales les plus importantes du substantif – celle du nombre et celle du genre – se trouvent transférées du mot sur l’article. Ainsi, la valeur lexicale du substantif et sa valeur grammaticale ne s’expriment-elles pas par et dans un seul mot. Cette voie de l’expression des catégories grammaticales est appelée analylique, par ex.: un ami / une amie; un ami / des amis. Le français fait preuve d’un très haut degré d’analytisme parce que seuls les déterminatifs sont aptes à rendre les valeurs grammaticales du mot français.
L’analytisme du français est appuyé par l’article partitif, absent dans toutes les langues romanes, et qui reste un procédé grammatical très usité.
Le pronom
Le français a créé deux séries de pronoms personnels: tonique (indépendants) et atones (conjoints). En plus, l’emploi des pronoms atones (conjoints) est obligatoire à la différence des autres langues romanes dans lesquelles le verbe possède des flexions pour marquer la personne et le nombre. C’est pourquoi dans les autres langues romanes le verbe peut se passer de pronoms, par ex.:
Espagnol | canto | cantas | canta |
[kanto] | [kantas] | [kanta] | |
Français | je chante | tu chantes | il chante |
[ċt] | [ċt] | [ċt] |
En espagnol la personne est marquée par la flexion – en graphie aussi bien qu’en prononciation: la 1-ière pers. -o [o], la 2-ième pers. -as [as], la 3-ième pers. -a [a].
En français, le verbe prononcé a toujours la même forme invariable pour les trois personnes: [ƒãt]. L’invariabilité des formes verbales implique l’emploi obligatoire des pronoms personnels atones (conjoints) pour distinguer la personne.
L’opposition sémantique «proche – éloigné» est exprimée en français par un procédé analytique – à l’aide des particules -ci et -là (celui-ci, celui-là), tandis que les autres langues romanes représentent cette opposition par les formes spéciales des démonstratifs.
Le verbe
Dans toutes les langues romanes cette partie du discours a gardé le maximum de formes flectives ayant créé beaucoup de formes analytiques. Sous cet angle il est assez difficile d’évaluer l’analytisme du français, surtout si l’on prend pour le point de départ la quantité des formes temporelles composées. Tenant compte que les formes temporelles composées n’existaient pas en latin, leur nombre dans une langue romane peut témoigner du degré d’analytisme de cette langue. D’après ce critère (la quantité de formes temporelles analytiques = composées), les langues romanes se rangent comme suit: le rhéto-roman (14 formes composées), le sarde (12 formes composées), le catalan (11 formes composées), l’espagnol (9 formes composées), le français et le portugais (8 formes composées), le provençal et l’italien (7 formes composées), le roumain (5 formes composées). Quant au nombre de formes le français n’occupe que la sixième place, mais si l’on considère l’aspect qualitatif de l’analytisme verbal, ici le français se distingue des autres langues romanes par l’absence d’un système net et précis de flexions qui marquent la personne et le nombre du verbe. Une telle «carence» fait obligatoire l’emploi des pronoms personnels conjoints.
Les faits mentionnés ci-dessus permettent de classer le français parmi les langues analytiques.
III. Les particularités syntaxiques de la langue française.
L’absence de marques morphologiques nettes dans le système du substantif et du verbe français qui expriment les rapports entre les mots dans la proposition explique un rôle spécifique que joue l’ordre des mots en français. C’est lui qui est chargé d’assumer la fonction syntaxique, faute de procédés morphologiques, c’est pourquoi l’ordre des mots en français est fixe et direct. La grammaticalisation de l’ordre des mots a pris une plus grande ampleur en français que dans les autres langues romanes, ce qui confirme une fois de plus que la français est une langue «très» analytique.
IV. Les particulatrités du vocabulaire français.
Le fonds lexical du français moderne se compose de trois parties:
– la couche latine
– la couche celtique appelée substrat celtique
– la couche germanique appelée superstrat germanique.
Les deux dernières parties du vocabulaire français sont assez importantes si on compare le français avec les autres langues romanes.
La couche latine du vocabulaire français remonte au latin vulgaire parlé en Gaule avec toutes les caractéristiques propres à la langue parlée orale.
A l’époque du moyen français la langue s’est enrichie de beaucoup de mots latins grâce à quoi il s’est créé des séries de doublets étymologiques. Ces mots latins ont changé considérablement l’aspect phonétique du mot français ayant apporté des combinaisons de sons qui ne sont pas propres au phonétisme français.
Questions ( * - questions demandant des reflexions)
I. Quelles sont les particularités phonétiques du français par rapport aux autres langues romanes?
* Par quels faits d’ordre extérieur explique-t-on les particularités phonétiques du français
* Qu’est-ce qui rapproche l’accentuation française à celle des autres langues romanes ? Qu’est-ce qui l’en diffère?
II. Quels sont les traits analytiques du sunstantif français?
Y a-t-il des formes synthétiques dans la classe de substanfis en français?
* Pourquoi l’emploi des pronoms conjoints est-il obligatoire en français et «facultatif» dans les autres langues romanes?
III. Par quoi la syntaxe du français diffère-t-elle de celle des autres langues romanes?
IV. Par quoi le vocabulaire du français diffère-t-il de celui des autres langues romanes?
* Le français est-ce une langue purement et uniquement analytique?
* Pourquoi le français s’est-il le plus éloigné du latin parmi les autres langues romanes?
* Pourquoi faut-il étudier l’histoire de la langue française?
Devoirs
1. Définissez:le synthétisme, l’analytisme, une langue synthétique / une langue analytique, l’accent mélodique, l’accent dynamique, l’accent oxyton, l’ordre direct des mots, le latin populaire (vulgaire), la couche celtique (le substrat), la couche germanique (le superstrat), un doublet étymologique.
2. Récupérez les caractéristiques analytiques et synthétiques dans la langue française (sunstantif, adjectif, pronom, verbe).
Traits analytiques |
Traits synthétiques |
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